Film | 0:09:05 | Allemagne | 2023
Later that same night, the dogs tuned their violins
« I came into the world ‘under the sign of Saturn’, the star of the slowest revolution, the planet of detours and delays … », Walter Benjamin says of himself. The influence of Saturn makes people « apathetic, indecisive, slow, » it goes on to say. Slowness is one characteristic of the melancholic temperament. Reminiscences of self are reminiscences of a place, and how he positions himself in it, navigates around it. In time, one is only what one is: what one has always been. In space, one can be another person. Time does not give one much leeway: it thrusts us forward from behind, blows us through the narrow funnel of the present into the future. But space is broad, teeming with possibilities, positions, intersections, passages, detours, U-turns, dead ends, one-way streets – a labyrinth.
The metaphor of the labyrinth also suggests Benjamin’s idea of obstacles thrown up by his own temperament. Walter Benjamin, the translator of Marcel Proust, wrote fragments of an opus that could be called ‘In search of lost spaces’. Memory, the staging of the past, turns the flow of events into tableaux. Benjamin is not trying to recover his past but to understand it: to condense it into its spatial forms, its premonitory structures.
« Je suis venu au monde sous le signe de Saturne, l’étoile de la révolution la plus lente, la planète des détours et des retards… » écrit Walter Benjamin de lui-même. On accorde, en effet, à Saturne, une influence sur les personnes « apathiques, indécises, lentes, » et Benjamin y adhère, en reconnaissant comme caractéristique du tempérament mélancolique, la lenteur. Par ailleurs, les réminiscences de soi sont des réminiscences d’un lieu, du comment s’y situer et du comment naviguer autour de lui. Dans le temps, chacun n’est que ce qu’il est : ce qu’il a toujours été. Dans l’espace, il peut être une autre personne. Le temps ne nous laisse pas beaucoup de latitude : il nous pousse vers l’avant par derrière, souffle à travers l’entonnoir étroit du présent vers l’avenir. Cependant l’espace est large, riche de potentialités, de positions, d’intersections, de passages, de détours, de demi-tours, d’impasses, de rues à sens unique – un labyrinthe. Cette métaphore du labyrinthe revient à l’idée défendue par Benjamin, celle de la provocation d’obstacles par son propre tempérament. Walter Benjamin, par ailleurs traducteur de Marcel Proust, a rédigé des fragments d’un opus que l’on pourrait intituler « À la recherche d’espaces perdus ». La mémoire, invention de son passé, transforme le flux des événements en tableaux. Benjamin ne cherche pas à retrouver son passé mais à le comprendre : de le condenser dans ses formes spatiales, ses structures prémonitoires.