Film | 0:11:12 | Canada | 2022
Réminiscences
L’idée de réaliser un film de danse m’habitait depuis longtemps. Au fil des ans, j’ai eu la chance de collaborer comme chorégraphe ou conseillère au mouvement à des longs métrages et à chaque fois, l’expérience m’a enchantée. Ce qui me fascine probablement autant c’est que le médium-caméra provoque une approche absolument différente de celle que je pratiquais jusque-là; le cinéma dirige le regard du spectateur : une relation à l’image et à la composition assez différente de celle des œuvres sur scène dans lesquelles j’évolue depuis quinze années. Ainsi, pendant la pandémie, grâce à une subvention spéciale, j’ai eu l’opportunité de réaliser mon premier film de danse. Naïvement, mon désir premier rassemblait les artistes avec lesquels j’entretiens une relation artistique depuis une dizaine d’années. A priori, très spontanément, j’ai pensé mon projet comme une sorte d’hommage à ces six artistes que j’admire. Je désirais puiser dans leur force individuelle pour ce film qui partirait d’images chorégraphiques où ils brillent lors de nos créations antérieures de collaboration. Le souvenir s’est ainsi imposé, très tôt dans le processus. Je me suis, dès lors, plongée dans la composition de mouvements, de séquences et d’images sur qu’il reste des souvenirs de l’autre, ce qu’il reste des sensations du toucher et des élans charnels ou amicaux. Et c’est, entre autres, avec des plans de toucher, de frottement et d’effleurement des corps que nous sommes arrivés à provoquer des émotions ineffables découlant d’émoi du passé. Réminiscence transpose trois duos à la fois sensuels et brutaux. Trois histoires s’y chevauchent pour dire le souvenir; ce qu’il reste des sensations nostalgiques de leur union. Les chorégraphies y subliment les fissures que l’expérience humaine engendre et qui se sédimentent en nous comme autant de vestiges affectifs.