Réel, 2023-2024, Installation (Toulouse) : « Cette oeuvre est composée d’un film et de trois encres sur papier et pliage.
L’ensemble de cette installation a été réalisée en plusieurs étapes entre décembre 2023 et janvier 2024.
Puis, d’autres reflexions, sous forme de dessins, de peintures, de dessins à nouveau, d’observationS et de temps de vie, ont enrichi ce travail .
Chaque étape ont nourri l’étape suivante, amenant ainsi reflexion et pas de coté.
D’abord, la réalisation de peintures à l’encre de Chine sur papier puis pliées, pour refermer les formes dessinées dans un livret. Apparaissent alors les thèmes de la disparition, de l’apparition et de la transformation d’un corps. Je parle ici de mon corps, qui se transforme sous le poids du temps. Le pliage est comme un jeu d’enfant, plier ou déplier montre et transforme le corps d’encre.
Puis, de passage à La Maison Jaune Résidence D’Artiste à Revel, je décide de performer ces postures dessinées et reprendre l’idée du temps, et d’examiner la relation entre la fuite du temps et ma condition de femme. Que me dit mon corps ? Que me dit mon corps de qui je suis aujourd’hui ?
Je décide de mettre en place un dispositif qui gardera en mémoire la réalisation de ces figures imposées sur papier et réalisées quelques jours plus tôt. Ce que je pensais un jeu d’enfant se transforme en gageure. j’échoue à faire et parfaire l’idée du passé.
Je me filme. Je me photographie. Je manipule les volets du livret et je transforme les corps d’encre.
La pièce dans laquelle je me trouve est à l’image de ces papiers pliés. Je « mémoire » mes gestes, je les ai répété dans ma tête et je les ai tracé sur le papier.
Je chute. J’ai changé. J’ai vieilli. Réel, c’est la prise de conscience de mon corps, les postures me coûtent. Je suis dos au mur. Et je révèle une autre de moi. Et je révèle un autre espace de féminité sur la ligne du temps. Je révèle ma féminité dans un espace sociétal qui impose encore aujourd’hui un statut, un cadre, une posture aux femmes.
Alors même que des siècles de cultures ont objectivé le corps des femmes, j’utilise mon corps comme objet de transformation. J’explore mes limites. Je travaille à perturber les repères de lecture de notre environnement, invitant à la création de nouveaux espaces, à l’exploration de nouvelles réalités.
Je me sens femme alors même que je vieilli. Je me sens femme alors même que je n’aurais pas d’enfant. Comment traduire la place que j’ai aujourd’hui et repenser mon image autrement ? L’accident de parcours permet de nouvelles interrogations, de nouveaux choix et de nouvelles expérimentations. Je propose un rapprochement de l’intime à des préoccupations sociétales et des changements profonds de nos sociétés contemporaines. Je m’interroge. »