Vidéo | 05:09 | France
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Une série de plans d’oculaires et d’optiques, empruntés au cinéma narratif dans son imposant corpus, dont le montage tend à provoquer une sensation d’engourdissement et de somnolence.
Bruit Blanc se souvient de ce que Henri Bergson suggérait dans L’Évolution créatrice : cette corrélation entre le « mécanisme cinématographique » et celui du rêve, qui lie l’attention du spectateur au déplacement du plan de l’action à celui de l’action du dormeur avant le rêve. En d’autres termes, le cinéma et le rêve procèdent selon Bergson par « lumières extérieures », par des stimuli lumineux dont le premier se traduit par la projection sur l’écran et le second par une forme de « miroitement », d’impressions physiques éprouvées durant la veille.
Dans les deux cas, il s’agit in fine de recréer ou de revivre des sensations proches du souvenir.
Cependant, le spectateur comme le dormeur n’ont pas que des perceptions visuelles. Le dormeur comme le spectateur discernent durant ces expériences singulières des stimuli sonores « bourdonnement, tintement, sifflement », qui passent le plus souvent inaperçus durant la veille mais se détachent pendant la projection et le sommeil.
En ce sens, le titre convoque le « bruit blanc », ces sons utilisés pour en masquer d’autres. Un tel bruit, sourd mais audible naturellement, est composé de toutes les fréquences. En outre, la bande sonore du film a été pensée comme un bruit blanc : elle est composée d’une superposition de silences – non comme absence de son mais comme sensation pure. Ces silences ont été retenus de pistes sonores d’amorces de pellicules ; spécifiquement de sons dits « sons optiques » : un langage visuel propre au support film par lequel chaque fréquence se traduit en une densité lumineuse.
Qu’il s’agisse de l’image ou de la bande sonore, Bruit Blanc « fait écran » tel un mirage afin de faire dériver le regardeur d’une sensation à une autre, d’un monde à l’autre, du visible à l’invisible.