Page 14 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Édito
Traverse n’a jamais abandonné sa détermination de prouver la réalité de l’expérimental,
sa force et sa nécessité.
Elle poursuit son projet de rencontre entre les pratiques artistiques, refusant
une hiérarchisation venue d’on ne sait où/ou le sachant par trop des pratiques
tout en refusant de les hybrider car c’est les aligner sur un seul modèle ; c’est
pourquoi elle défend l’intermédialité comme fonds de création.
Traverse et ces œuvres sont dites expérimentales parce qu’elles diffèrent par
leur remise en cause des codes artistiques, par la reconnaissance du médium et
de ses potentialités, elles voguent plus du côté des arts plastiques que du narratif,
du cinéma sensitif sans se priver du propos, du dire, du penser, puisque tout tissu
iconique comme textuel et phonique produit du sens et du sous-texte.
Ainsi dès ses premiers pas, Traverse avec quelques rares, contrairement à la différence
voire aux différends que leur reconnaissait chacun des camps, programma-t-elle
et le cinéma expérimental et l’art vidéo ; elle s’ouvrit parmi les pionnières à
la performance comme suite logique et nécessaire, comme forme du cinéma élargi
et comme réclamation du corps-médium ; elle sut reconnaître la force et la nécessité
de l’installation alors celle-ci s’imposait comme mode d’existence artistique très
vite adoptée par divers modes d’expression et, enfin, s’ouvrit à la photographie afin
de décliner l’image de sa proposition visuelle fixe à l’animée. Ainsi à des séances
de cinéma différent se mêlent installations, performances et expositions photos.
Et le Traverser réclame plusieurs acceptions, celle d’aller de l’autre côté, celle de
passer et ce, pour voir différemment, appréhender de l’inédit, découvrir puisque vidéo
ne se limite pas à une forme mais revient à son origine « je vois/j’ai des visions », et ce,
afin d’appréhender sinon mieux du moins différemment mon monde mais aussi de
reconnaître notre plaisir scopique qui, en expérimental, attire les autres sens.
Il y a vingt-et-un ans, elle s’est fondée sur le désir de partager ses découvertes de ces
formes différentes et d’en favoriser l’approche. Née dans un contexte d’enseignement,
elle le fit, alors que n’existait aucun lieu de l’expérimental à Toulouse, pour que les
étudiants en audiovisuel pussent connaître la recherche fondamentale en leur domaine,
et pas seulement eux mais tout un chacun, en organisant cette manifestation ouverte
à tous avec toujours la décision de donner des clefs d’approche. Tables rondes,
discussion auprès des œuvres avec les artistes, conférences marathon, séances
accompagnées, atelier auprès des publics furent de ses programmations et de
ses actions. Cela Traverse ne l’a jamais abandonné et reste en ce sens un moment
unique de l’art expérimental.
Mars 2018, Traverse a compté sa vingt-et-unième année avec une édition toujours plus
internationale, pour avoir reçu plus de 1 200 propositions de 58 pays. Ainsi peuvent
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