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Vidéos d’Ecoles d’Art et d’Audiovisuel




Emlly NOY, Inbar ROTSTEIN, Tom MADAR, Stairs, 7'30, 2010
Une animation plongée dans l’étrangeté de ses figures, s'approche
de la douleur d'une femme qui a perdu son bébé alors qu'elle le porte
toujours dans son ventre.
Le film suit, dans sa traversée les quatre étapes du deuil : le déni, la
dépression, la colère avant l'acceptation, et ce, en un espace
indéfini, qui se souvient du Théâtre de l'Absurde de Beckett.


Marin ESTEBAN, Terre d'Ombre, 7'20, 2011
L'ombre menace constamment d'envahir la lumière.
Cependant la lumière se propage en un feu incendiaire.
Ainsi la narration procède-t-elle par les échos d’analogie de natu-
re ou de couleur: des fumées d'usines, de gaz allumé, de ciga-
rette, voire de la rousseur du chignon qui flamboie un court
instant avant de s'évanouir dans l'ombre de la porte refermée, le
feu qui dévaste la forêt. Le désastre menace l'arbre candélabre qui ouvre et clôture le film.
La narration inscrit aussi le souvenir tout en incitant à une perpétuelle recomposition de moments ;
remémoration des gestes et d'images simples.
Une jeune femme y présente une ressemblance avec les portraits mortuaires du Fayoun, ceux d'une
innocence préservée sous le masque blanc de l'impassibilité.
En explicit, quelque chose de fort s'échange avec l'image inaugurale : la disparition du tremblement du
vent dans la frondaison à quoi répond la présence presque secrète, perchée, suspendue de silhouettes
humaines dans l'arbre immobile. Une telle immobilité relance l'inquiétude, l'irrésolu, le mystère.
Maryline LEDUCQ



Gemma LORD, Valentine, 3'20, 2007
On dirait un clip s’il s’agissait de chanson mais c’est un poème de
Carol Ann Duffy dont s’empare l’esprit enjoué de Gemma Lord.
Un poème simple, simplement d’amour en langue anglaise comme la
poétesse et recueilli, animé en poème vidéographique en un protoco-
le tout aussi simple. Cœur avec la forme de ceux que l’on grave sur les
arbres ou dessine en coin de papier se convoque pour être aussitôt remplacé par un oignon incongru dans
ce genre de littérature.
Sur un fonds aussi simple qu’une feuille de papier où s’écrirait cette poésie, s’animent des figures aussi
simples que les mots de cet amour pourtant exclusif même s’il fait mine de penser à une fin possible. La
métaphore filée de l’oignon induit en effet, les effets de ce légume à l’odeur tenace, y compris sur la lame
du couteau qui le découpe pour la cuisine et qui fait pleurer. Des bruits analogiques du quotidien suivent
ce réseau, gouttes pour les pleurs, verre brisé quand une main s’ouvre.
Les objets conservent cet espace de la familiarité et le style du fait main : figures en papier découpé –
enveloppes, pétales de rose devenant papillons, main fine - ou réelles tranches d’oignon. Elles bougent,
s’ouvrent pour la lecture de graphème qui imitent l’écriture manuscrite, en gros traits ; voire, elles
s’animent -au sens fort de devenir vivantes- d’abord l’une des deux tranches d’oignon approche sa bou-
che dévorante de l’autre, avant que le couple se suive en faisant cercle, et s’évidant forment leur alliance.
La lecture est aussi immédiate même si la lecture réclame la vigilance devant l’agilité des composants
mouvementés et alors que se crée une entente voire une connivence comme si le poème écrit/vidéogra-
phique s’adressait très spécifiquement à celui qui l’accepte.


Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Faut Voir 11
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