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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 107

lors des journaux télévisés ou autres reportages.
Elles respectent la vitesse du mouvement de gymnas-
tique, du déflé militaire ou des danses populaires
ou inversement sont entraînées en ficker ; l’humain
se dissout dans cette accélération comme dans
la reprise du même. Elles suivent l’orientation des
mouvements de groupe ou ceux-ci sont vus tête en
bas ou sur le côté. Rarement le gros plan retient des
soldats à la même ultra-courte coiffure qui les assimile
l’un à l’autre au détriment du format, de la fonction
du portrait ; s’y croisent le plan moyen pour le petit
groupe ou la précision de son comportement mais le
plus souvent le plan d’ensemble qui annule l’individu
pour le fondre au groupe voire le plan général qui le
fait point parmi des points. La bande-image superpose
les mouvements collectifs du corps pris par le sport de
haut niveau comme par la gymnastique dans les lycées,
les usines et les prisons et par les exercices militaires
mais aussi par la danse.


Drill, c’est un outil automatique pour semer, c’est
l’entraînement extrêmement sévère qui rend les
personnes ainsi dirigées aptes à exécuter sans hési-
tation et en oubliant la peur, ce pourquoi précisément
© R.Bourrillon on les entraîne. La semence/les automatismes en
est/en sont l’oubli de la pensée.

Les danses retenues ne concernent pas des couples mais se constituent de chaînes ouvertes ou fermées,
de cercles concentriques sans réelle distinction de gestuelle, sans expressions régionales particulières.
Certes les danses traditionnelles occidentales parce qu’elles viennent presque toutes d’un fonds commun
européen, depuis le Moyen Âge, empruntent des mêmes fgures et leurs ressemblances ne peuvent se
contester mais le propos de Mikel Otxoteko n’est pas ethnochorégraphique, il n’analyse pas le rapport de
la danse au peuple, à son lieu d’origine. Au contraire, son installation rapproche ces moments de joie po-
pulaire aux entraînements à marche forcée. Le tournoiement de femmes en short froncé, les fgures d’anciens
lendits - quand les écoles se rencontraient pour des épreuves sportives - disent la même adhésion à l’unité
du groupe que les déflés militaires. En adéquation avec la coordination du titre qui, d’emblée, réunit
les mouvements dansants à ceux des déflés, des parades ou des exercices militaires et des manœuvres,
l’histoire de l’Espagne se souvient que les premières danses répertoriées commémoraient des combats
ou se référaient à des guerres, avant des siècles plus tard, de devenir échos de rituels religieux.

L’installation inclut aussi le Haka devenu attraction avec les matchs de rugby, alors qu’il se pratiquait
dans toute l’Océanie polynésienne comme rituel lors de rencontres sociales, en signe de bienvenue
ou inversement, lors de guerre tribales, en brandissant des armes et certaines paroles comme autant
d’insultes assénées à l’ennemi. L’habilité à mener le Haka faisait / fait la réputation de la tribu māori,
car il est censé exprimer la passion, la vigueur et l’identité de ce peuple.
- 2. Centre culturel Bellegarde -
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