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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 110
Christin BOLEWSKI, Shizen ? Natural, 7 : 15 min., Alle.
Le point d’interrogation du titre perturbe celui qui
en attend précisions et effacement de toute inter-
rogation. Cependant l’œuvre de Christin Bolewski,
toujours en strates subtiles, est du style réveillant la
pensée, réveillant la conscience. Jamais la touche
esthétique n’oublie la force du sous-texte entraîné
par ses formes. Sa source, l’art oriental, n’est pas de
folklore, Christin Bolewski sait combien les codes de
composition portent l’idéologie sous-jacente, elle sait
que la perspective occidentale portée par la mathé-
matique pensait retrouver la structure qu’un dieu mathématicien aurait calculée - et ce, dès Pythagore,
la musique des sphères et le Timée de Platon. Elle sait que le projet de paysage chinois et japonais
qui s’en nourrit, à l’origine ne vise pas à enserrer la nature, elle se souvient et maîtrise la nécessité du
« yohahu / la zone vide » laissé à l’espace sans pigments ; sans couleur ajoutée que celle du fonds :
papier maroufé ou soie devenus écran léger pour cette variation vidéo. L’entrée est en musique, elle
dénote d’emblée, le lieu d’ailleurs.
Le dispositif d’exposition retient la possibilité du rouleau, le format épouse absolument celui de l’œuvre,
près du mur, il connote la possibilité d’être à nouveau caché et d’être à nouveau découvert.
Cela conforte l’œuvre qui garde la relation absolue de la peinture japonaise avec la calligraphie ; un
poème s’y écrit, certes en graphèmes occidentaux mais il respecte la verticalité de l’écriture d’idéogrammes.
Cependant, elle entremêle des genres et introduit subrepticement en bulles des scènes de la vie quotidienne,
des fragments de faits et gestes de passants, de jeunes écoliers en uniformes … petits éclats de vie
qui, en en couleur pâles, simulent la peinture à l’eau des paysages bleus et verts ou à traits ocres.
Après divers opus qui, dans cet amour des peintures chinoises et japonaises, disaient le refus d’un politique
oppressant, cette œuvre glisse la calme question sur le monde et la place qu’il fait, enlève, laisse encore
à la nature. Jamais la parole en vidéo de Christin Bolewski si elle hypnotise, n’est vaine…
Simone D.
L’artiste dit :
« Le titre emprunte le terme japonais de « nature » alors que la vidéo, en
transposant le Makimono - rouleau manuscrit traditionnel japonais fait
pour être déroulé horizontalement - en un style contemporain, refète
notre relation avec cette nature. Tout au long de l’année, les motifs
changent avec les saisons - en accord avec les progrès et destructions
de notre environnement liés au printemps, à l’été, à l’automne et à
l’hiver ainsi que la destruction de notre environnement. En surgit une
question générale, déf pour l’humanité : faut-il coexister en harmonie
ou contrôler, maîtriser et exploiter la nature ? Le rouleau de cette
© R.Bourrillon ambient vidéo incite à la réfexion par la citation d’un poème de
Yamabe no Akahito, réfexion sur la relation confictuelle menée entre
la tradition et le progrès technologique et culturel ».
- 3. Chapelle des Carmélites -