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Julien ESCAFIT
Quant à la série de vidéos « Ballons », Ballons #2 / Ballons #3 / Ballons #5, elle se compose de
cinq plans-séquences où à chaque fois, le ballon annoncé et porté de manière surprenante par l’artiste se plait à
l’absurdité. L’acte retenu occupe le champ le temps nécessaire à son faire. Elle dure ce que réclame la traversée
en barque, l’artiste rame, le petit bateau entre dans la champ et lorsqu’il est caché par les feuillages; la traversée
de la place : il faut vérifier le nom à bicyclette, filmée elle-aussi en privilégiant l’axe décrivant le pédalage de l’artiste
jusqu’au bout de la visibilité. Intérieur ou extérieur les lieux sont choisis comme propices à l’occultation découverte,
outre la petite difficulté qu’adulent aussi les photographies, par exemple, un immeuble déconstruit avec cailloux, qui
réclame le saut de l’artiste. Puisque chacune de ses inventions l’inclut dans des gestes habituels ou amusants avec
toujours cet esprit ludique qui flotte comme un sourire flotte sur les lèvres de qui regarde. En effet, les ballons de
l’enfance sont toujours de la sortie, toujours accrochés aux cheveux tressés de Julien, ainsi auréolés de couleurs
envolées. Il rappelle cet enfant resté dans l’adulte et le réveille avec ces ballons.
L’idée force du projet dépasse le simple jeu ou même ce simple rappel de l’enfance, elle arrête par un
aspect visuel surprenant d’un geste plus habituel. À la suite du changement de contexte, chacun redécouvre l’objet
banal, le bouquet de ballons d’hélium car celui-là est pris dans une scène de genre et entre dans la lignée des genres
artistiques, mais il y est introduit de manière détournée, selon des gestes concernant d’autres préoccupations. Ce-
pendant, il reste fortement connoté comme l’accessoire emblématique de fête voire de cérémonies heureuses, tout
en étant déplacé pour ouvrir une nouvelle vision de ce monde que nous habitons. Ce faisant, il gagne son intronisa-
tion dans les ready made qui détournent l’objet quotidien en objet d’art; ready made réaménagé puisqu’il quitte sa
sage ficelle pour être accroché aux tresses rasta de l’artiste. Il participe à des actions performatives - pince sans rire
mais devient le sujet privilégié de vidéos comme de photographies qui déclinent ce projet en expansion.
Un jeu d’enfant devient une exploration artistique, un lieu connu devient un espace de ce jeu d’enfant
devenu exploration artistique... reviviscence du regard sur le monde.
Simone DOMPEYRE
Boutique agnès b. Photo : Julien ESCAFIT
BOUTIQUES AGNÈS B. / JARDINS RAYMOND VI
L’ ENVOL DE CRANSAC / CINÉMA LA STRADA DECAZEVILLE
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