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Photographies Quai des Savoirs
Quai des Savoirs
Chanwei Tang, La chambre noire
3 photographies 120 x 80 cm | France
La photographie considérée comme
matérialisation, condensation et précipitation
du corps impondérable de la lumière se lit dans
les textes pionniers ainsi Nadar le cherchait
« en matérialisant le spectre impalpable qui
s’évanouit aussitôt qu’aperçu ». Et avant lui,
Niépce se préoccupant d’optique, très tôt, le
5 mai 1816, dans sa correspondance avec son
frère, y décrit la possibilité de peindre avec la
lumière. Il nomme « héliographie » de Hélios,
le soleil, cette technique qui consiste à reproduire spontanément, sans la main de
l’homme, grâce à l’action de la lumière, l’image reçue dans la chambre obscure
mais il ne mentionne jamais, dans ses lettres, le nombre d’heures voire de journées
nécessaires alors que Le Paysage de Saint Loup – 1826 – depuis sa fenêtre porte des
traces de trois ensoleillements superposés.
Chanwei Tang n’oublie pas l’étymon de cet art « écrit par la lumière » puisque son
objet est précisément la lumière comme force agissante, la lumière enchâssée en ces
trois intérieurs où elle est la seule source opératoire.
Et il sait le temps nécessaire dans des conditions de faible luminosité même si
désormais ce ne sont plus huit heures requises comme pour La Table mise de 1822.
Trois pièces de trois appartements contemporains : celle avec bibliothèque où livres
et rubans adhésifs et sprays se jouxtent, où l’on regarde la télévision depuis un
canapé avec coussins, en atmosphère rosée, mauve ; celle avec cuisine nette, décor
calculé avec coupe à fruits d’automne, crabe en métal ou petite boîte à thé et ouverte
sur le séjour net avec affiche de Soulages où l’on tape sur son ordinateur ; celle
du coin au désordre tout aussi calculé, devant grande toile blanche, encadrement
baroque posé de guingois, près du canapé avec plaid gris négligemment posé et
haute plante verte, livre et sandale au sol, avec table moderne de verre pliante sur
laquelle l’ordinateur lance sa lumière.
Les trois personnes différentes : deux femmes, un jeune homme de ces scènes de genre
ne dardent pas leur regard selon le code qu’elles adoptent souvent et leur portrait
ne se constitue qu’en creux grâce aux objets indiciels qui ornent ou s’entassent sur
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