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Photographies Prép’art
et à rendre visibles leurs démarches artistiques et leurs œuvres au sein des milieux
institutionnels comme à destination du plus large public. Adopter cette posture
permet de réajuster une Histoire de l’Art biaisée par la mise à l’écart des femmes,
ce en quoi œuvre, depuis 2014, l’association AWARE : Archives of Women Artists,
Research and Exhibitions dont la directive « replacer les artistes femmes du xxe siècle »
et « combler les manques » densifie et enrichit le savoir et les connaissances, tout en
augmentant le niveau d’exactitude.
Compter se révèle partie intégrante du processus de création de la série WELL
NOW et si la prise de conscience de ce statut particulier a lieu a posteriori, l’expérience
des chiffres en constitue bien la première étape. Au fur et à mesure que s’étoffe ma
production de statistiques, mes réactions varient, me faisant passer par différents
états, de la colère à l’aversion, du désabusement à la lassitude, mais aussi adopter
différentes postures, de refus, d’opposition, de résistance, qui empreignent, chacun
et chacune à sa manière, le travail de création puis configurer la série dans ses
regroupements de compositions et sa spatialisation. Cette production numérique
engage aussi ma réflexion sur différents plans, philosophique, social et artistique,
qui interagissent pour poser formellement et plastiquement des questions issues des
études sur le Genre. La frontière qu’il instaure entre les femmes et les hommes est
ainsi signifiée dans la trace d’une succession de lignes que je viens inscrire au centre
de la composition Tentative d’effacement (2017) puis que je tente, en vain, de faire
disparaître, ou encore dans ce morceau d’adhésif noir apposé identiquement sur
le bas centre des trois photographies d’Attempt of Evasion (2017) qui décomposent le
mouvement d’un saut, pour se jouer de la délimitation des espaces identitaires et
en autoriser le franchissement. Au pied de la Lettre (2018) témoigne de l’assignation
à une identité de Genre figée à travers la scarification du majeur enregistrée par la
photographie et l’empreinte digitale fixée à même le support kraft qui, ensemble,
rendent lisible le marquage corporel de la lettre F et figurent sa temporalité.
Dans un jeu de surfaces poncées, les fausses jumelles Illusion du Produit et Produit
d’Illusion (2018) abordent, elles, la question du féminin dans sa dimension d’une
production, normée. Un enchaînement de rebondissements, des chiffres à la pensée,
de la pensée à sa matérialisation qui implique plusieurs phases distinctes dans un
travail de composition – la capture d’images photographiques ou vidéographiques,
le tirage, l’écriture avec une ancienne machine à écrire électrique sur du papier
kraft, le collage, pour ce qui est des étapes majeures – de la matérialisation de la
pensée à sa mise en espace avec, entre autres, le paramètre du sériel.
Les chiffres annotés dans mon carnet sont parfois ponctués de quelques croquis
et notes qui circonscrivent déjà, pour certains, le projet à venir, telles les prémices
des premières compositions photographiques et textuelles qui furent, par ailleurs,
à l’origine, envisagées sous d’autres formes, performance et volume notamment.
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