Page 123 - catalogue_2016
P. 123


Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 123

Cependant, à la fn du deuxième moment, la musique brièvement se ferait plus optimiste - serait-ce
la vision des Champs Elysées ?- et elle invite à une plus grande implication émotionnelle selon des
répétions en écho aux couleurs vives des images.
Les images retiennent des éléments photographiques originaux de l’artiste, qui interprète lui-même
la musique sur son propre clavecin, une copie d’un instrument historique de la fn du XVII ème siècle.
« Comme on ne peut enfer ny diminuer ses sons, je sçauray gré à ceux qui, par un art infni soutenu par
le goût, pouront ariver à rendre cet instrument susceptible d’expression » Couperin avec l’orthographe
d’époque.
En nouvel honnête homme, Andrea Gregori prouve que rien n’est perdu dans notre ère du spectaculaire
et des paillettes, dans l’humilité des grands, il fait oeuvre photographique/vidéographique/musicienne
et physicienne puisqu’il ne renie pas les recherches sur la 3D, il n’ignore pas ce désir de dépasser le
volume plan et en maîtrise la technique. Des lunettes 3D pouvaient entraîner le désir des enfants mais
pas seulement le leur à revoir/entendre la pièce. Elles provoquaient la distance plus grande à parcourir
par ces triangles et ces formes diluées, leur alocalisation s’imposait plus encore.
Quête du XVII ème / quête du XXI ème musique et science renouent leurs antiques noces quand, dès Pythagore, la
mathématique est musicienne. La construction parfaite de cette pièce de Couperin, en deux moments
chacun de 14 mesures et avec chacun une reprise, ne le dément pas.
Andrea s’y prouve, écoute se faisant, un musicien virtuose ce qui enclint à écouter encore et encore,
grâce à son exposition en boucle, au Goethe, son interprétation modulant les accords parfois languissants
dédiés à l’élégiaque, à la déploration avec cette subtile dissonance liée au clavecin. Des éclats avec la
sérénité, de la pointe sous le “languissemment”, la clarté sous le ut mineur. La fugue d’un même motif,
répétée laisse le phrasé comme inachevé avec la tonique plus colorée, comme si les ombres des morts
arrivaient à traverser enfn le Styx, feuve des Enfers qui entraînait aussi l’oubli et les regrets du vécu.
Et le désir accru, pour nous, de cette rencontre géométrie-musique-en volume avérée.
Simone D. avec des emprunts à Andrea Gregori





















© R.Bourrillon










- 5’. Goethe Institut - Decazeville -
   118   119   120   121   122   123   124   125   126   127   128