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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 124


Mélissa MEDAN, La grande ville (très peuplée), 1 : 32 min, Fr.
Fiction construite à partir d’images récupérées sur
Internet, archives d’une émission de télévision amé-
ricaine.
Les yeux bandés, des personnes entretiennent une
conversation autour de l’image que l’une d’entre
elles a vue à la télévision. Le dialogue tourne en un
procès dans lequel sont jugées la perception et la
retranscription de cette image.
Entre l’objectivité prétendue de l’image et la sub-
jectivité de la perception, le malentendu se crée,
provoquant une dispute.
Les personnages retirent le bandeau qu’ils ont sur les yeux ; il ne s’agissait que d’un jeu.
Tout le monde y voit bien, tout est clair. A moins que…



Mona CONVERT, Vives #2 des étoiles qui dansent, Fr.

La petite salle oblige à la plus grande proximité ;
assailli des éclats de lumière et curieux des univers
divers lancés par les écrans, le corps se cale contre
le mur.
Un triptyque y déroge à la position canonique : deux
pans d’images juxtaposés, le troisième seul. Les com-
posants, compositions et durée distincts réclament
leur spécifcité, l’installation fonctionne selon la ligne
© R.Bourrillon du contrepoint musical où les lignes musicales gardent
leur identité sans se fondre dans une harmonie mais
n’existent que par leur rapport aux autres. Les trois adoptent le performatif en temps réel et en son du
réel ; les trois disent la brisure, l’impossibilité, la disparition ; les trois préfèrent la métaphore mais
cherchent leur place dans la lignée artistique. Dans les trois, le plan fxe passe du net au fou selon le
geste interne.
Une main, en butte au moulage académique, modèle des Beaux Arts, brise, au risque de se blesser, au
marteau domestique, deux mains moulées. Le plâtre perd sa forme consacrée, devient boule irrégulière,
puis débris puis poussière, l’un des ongles de la main vivante est marqué de rouge du sang.
Un visage dont le très gros plan fragmente les traits, s’immerge dans l’eau, la bouche tente d’articuler
des mots que l’eau noie en borborygmes.
L’obscurité tout entière et un axe zénithal effacent le corps qui agit, en privilégiant les objets qui, ainsi,
s’autodétruisent. Ainsi flmée et sous la lumière fuorescente, la pile d’assiettes devient rond lumineux,
astre… et les débris, des constellations mais ils sont autant espace et idée dérangés puisque le bruit
indiciel de leur cause, invite à entendre la dispute et participe au vacarme des trois réunis.
Détruire fait-elle, crier dans la crainte de disparaître, être occultée provoquant une lecture antiphrastique
de Vives #2 des étoiles qui dansent, engagent aussi à penser l’art comme diversion de la réalité.
Simone D.
- 6. L’isdaT - 7. Prép’art -
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