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Vidéos d’Ecoles d’Art et d’Audiovisuel
Not a red rose or a satin heart. Pas une rose rouge ni un cœur en satin.
I give you an onion. Je t’offre un oignon.
It is a moon wrapped in brown paper. C’est une lune enveloppée dans du papier kraft
It promises light Comme une promesse de lumière
like the careful undressing of love. comme le déshabillage attentionné de l’amour.
Here. Là.
It will blind you with tears Il t’aveuglera de larmes
like a lover. comme un amant.
It will make your reflection Il fera de ton reflet
a wobbling photo of grief. Une triste photo tremblante.
I am trying to be truthful. J’essaie d’être honnête.
Not a cute card or a kissogram. Pas une mignonne carte ni un télégramme-baiser- kissogramm
I give you an onion. Je t’offre un oignon.
Its fierce kiss will stay on your lips, Son baiser brûlant restera sur tes lèvres,
possessive and faithful possessif et fidèle
as we are, comme nous,
for as long as we are. aussi longtemps que nous serons un nous.
Take it. Prends-le.
Its platinum loops shrink to a wedding-ring, Ses anneaux de platine se resserrent en alliance,
if you like. si tu veux.
Lethal. Mortel.
Its scent will cling to your fingers, Son odeur s’accrochera à tes doigts,
cling to your knife. s’accrochera à ton couteau.
Vincent BERRANGER, Se laisser oublier, 10’, 2011
Cette vidéo est l'encéphalogramme des songes d'un Vincent
Berranger du passé. Celui de mai 2010.
Des fragments de nostalgie et d'obsessions s'y entremêlent. Des
songes jaillissent dans le réel, des plus lumineux aux plus obscurs.
Des courts-circuits, des interférences électriques, des parasites
artificiels charcutent la matière.
Pensée, Fatigue, Être, Sourire, Perdre, Souvenir, Oublier. Les concepts éclosent l'un après l'autre,
transformés en image et en son. Au cœur d'un rêve diurne qui devient peu à peu terreur nocturne.
Trois axes dans ce film suivent une même ligne de mire :
Premier axe : le désir de “faire voir”, un encéphalogramme sensoriel et musical d'un 'vécu cérébral', le désir
de partager ses rêveries, de suivre l'insaisissable flux des songes pour le revivre. En clair, éveillé ou
endormi, le problème du rapport au réel et des angoisses de l'existence émerge par fragment.
Deuxième axe : le caractère “disturbé” d'un jeune homme dévoilé par la fragmentation complexe des
songes, qui refuse d'oublier et qui s'asphyxie volontairement dans sa cage neuronale afin de garder au
chaud sa mémoire, son petit “cinéma” intérieur, sa jeune vie passée qu'il aimerait pouvoir voir et revoir
comme un film interminable.
Troisième axe : un regard intime sur l'amour du passé et la peur de vivre.
Par le “parcours” de ce “personnage”, de fragment en fragment, un propos plus “universel” se dégage :
nous sommes le produit de ce qui nous entoure ; notre désir, notre mélancolie (un grand-père qui s'en va),
nos doutes sur la vie (la peur d'oublier) et sur la mort proviennent d'une histoire personnelle ; ce que nous
percevons de la réalité n'est pas absolu, car en nous un écran culturel et social inhibe toute véracité dans
notre contemplation du monde autour de nous... En bref, je pense qu'en l’observant, peut naître comme
une envie de se libérer de cette complexité, de se désencombrer de cet “écran” constitué par tous nos
parasites et démons afin de rétablir un véritable contact à la réalité, à la vie.
Si l'on rattachait clairement l'expression “faut voir”, à ce film, il n'y aurait pas de fausse note (du moins
j'espère) puisque je pense qu'il y a dans ce film une “découverte” : la plongée dans des songes d'un lycéen
du XXIème siècle qui surprend par leur complexité et leurs nombreuses tensions.
12 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Faut Voir