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Vidéos d’Ici et d’Ailleurs

Raha.U RAZAVI, Nostalgia, 3', 2010
La nostalgie du titre en symbiose avec Le Prélude opus 28 de Chopin
emporte les images de l’enfant, que Raha Razavi n’est plus. La lente
mélodie et les accords répétés descendent chromatiquement en mineur,
ainsi une douce douleur enveloppe-t-elle le souvenir de cette scène que
le film de famille garde, alors que bébé, elle bénéficiait non seulement
des sourires formant un nid de bonheur mais aussi de la liberté du geste. Il avance à quatre pattes,
s’assied, sourit, se fait sérieux prolonge magistralement résolution tonique, et répété accords de bloc à la
main gauche, qui descendent chromatiquement
Des coulées de peinture tentent de colorer cet espace désormais vécu par l’adulte se souvenant.
Cependant elles cachent couleur après couleur l’image du bébé heureux, alors que la larme perle de l’œil
de la jeune femme - qu’elle est devenue certes maquillé, mais qui occupant tout le champ, empêche de la
voir agir sinon pleurer.
La création devient cette sauvegarde, elle importe les potentialités des pigments - fussent-ils métapho-
riques; elle ne réclame pas une longue explication, la concision porte parce qu’elle choisit ses propos/ima-
ges. Nostalgia le fait en un plan de l’enfance, un plan de la féminité et la perte de l’une provoquant le reg-
ret de l’autre qui la sublime en vidéographie. Glisser que ce film est né dans un atelier de réalisation
d’Abbas Kiarostami, à Téhéran, dans un « faire » du cinéma, dans la contrainte d’un thème partagé par
tous les étudiants, afin de reconnaître la sincérité provoquée par ce simple geste de la couleur alors le
nostos-retour se fait en adoucissant l’algie, la douleur.
D.S

David Anthony SANT, Metropol Drift Reaction, 4'11, 2011
La préoccupation de la localisation et de l’espace fonde le questionnement
de David Anthony Sant qui réitère ses propositions vidéographiques de
telles expériences dans l’environnement urbain. Il qualifie lui-même son
approche d’Extemporaneous/d’improvisée… au sens de maîtrise des
éléments d’un langage qu’on compose à chaque fois différemment.
Ces images, prises de la ville durant quatre semaines, provoquent une
immersion dans la ville de Corée - selon les idéogrammes auxquels nous ont habitués les films de Jeon
Soo.II, eux-mêmes portés par la déambulation. La structure de Metropol Drift Reaction est emportée par
l’association plastique parfois doublée de celle sémantique des composants.
D’abord distincts, les éléments répondent à des catégories référentielles jusqu’aux chiffres et aux
« lettres » avant de se fondre en un portrait de cette ville.
La chaussée avec bicyclette, les travaux avec engins et échafaudages, et ascenseurs ; puis sous le
nombre, lignes de pêche et immeubles en échos de segments de droite, puis les chiffres - le premier est
le numéro d’une habitation, aussitôt débordé par la multiplicité de la métropole.
Parmi ceux-là, un signe se lit comme particularité de ce pays, le poisson : en aquarium, avec la même
déclinaison formelle des carrés, par la synecdoque de multiples cannes à pêche, et par un succédané du
mogo, le poison de bois liturgique qui ne flotte plus dans ce Séoul que comme un gros jouet, un poisson
gonflable qui partage le ciel de la ville avec les néons, eux-mêmes cités, d’abord, séparément puis par
deux puis mille se recouvrant.
La vidéo ne cumule pas ses motifs dans l’indistinction, elle les rassemble en une variation de tempos liés.
D’abord le trajet à bicyclette en lento aussitôt fragmenté en carrés, eux-mêmes superposés, et auxquels
se superposent en un premier temps aquarium, échoppes ou grues puis les enseignes de néon dont le
clignotement provoque un andante. Suit un decrescendo, lorsque le motif est un simple chiffon, repris par
une petite pancarte cartonnée tournant sur elle-même, ou un ventilateur à pale repris par un autre sur une
cheminée. La bande son, elle, garde le même mouvement sériel, en ciment de cette mosaïque.

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Faut Voir 15