Page 90 - catalogue_2012

Jean-Baptiste ALAZARD

Mittelwerk Express

Un kommando de jeunes activistes virtuels du début du XXIème siècle tente de faire une autopsie de son
mouvement à partir de l'histoire et du cheminement d'un de leurs amis, grâce au journal filmé qu'il leur a
laissé avant de disparaître.
Dès lors, à travers la mise en scène de leur réel fantasmé, halluciné, le Kommando Silures jette les bases
de sa propre mythologie, celle d'un collectif qui se rêve kommando. Celle d'une fiction issue du réel, qui dit
le réel. Celle d'une violence et d'une frontalité dure. Une conscience qui se cherche. Confrontée à l'obscur
de soi comme le tunnel de Dora donnant le vertige à une époque affolée. Mythologie fondatrice du présent,
flirtant avec l'histoire, contaminant le réel. Une mise à distance du présent, non pour le consommer, mais
pour le VOIR, autant que faire se peut.
Mittelwerk Express est une tentative de schématisation d'un système, celui des rapports de force dans une
société et la recherche de rapports de sens, l'expression à bout de souffle d'un individu qui se sent floué.
Foucault parle du “Pouvoir” comme l'expression globale des rapports de force qui parcourent les liens entre
individus, et il décrit comment ce pouvoir s'est nourri de l'illusion de l'individu, comment il a glissé de la
scène aux coulisses plaçant cet individu sous les projecteurs d'une estrade pourrie. Joyeux guignol
inconscient du rôle qui lui incombe. Inconscient de ne pas être.
Mittelwerk figure l'emprise du pouvoir sur les membres d'un Kommando, partis à la recherche de leur être
individué contre ce pouvoir qui leur a fait miroiter une liberté et asséné ensuite la conne illusion de cette
liberté, de cette individualité, d'avoir cru cela. Et c'est cela contre quoi s'insurge le Kommando Silures. Un
ordre des choses en perdition car insensé, en butte avec ses propres fondements. Période de transition,
période de combat.
Mittelwerk Express est un effort de lecture du monde et de nos existences. Forme “expérimentale”, à
cheval entre la fiction, le documentaire et le journal filmé, c'est un état des lieux sans fin, destiné à évoluer
au fil des années de la vie de son auteur et du collectif auquel il appartient.

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