Page 95 - catalogue_2012
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Céline PIERRE


Lluiva, perspectives partielles



























Depuis une dixaine d'années, cp & lp travaillent sur des structures de passage:des éléments simplement
posés au sol et assemblés le temps d'une halte sans ancrage ni serrage, ils ouvrent le temps et l'espace
sur une rencontre aux origines de l'architecture.
Un travail qui les amène à se concentrer aujourd'hui sur un passage qui passe de lieu en lieu, pour entre
deux véhicules suspendre un moment dans l’espace le flux des transports. Simple arrêt dans le cours des
choses où fulgure un instant la liberté d’être ici ou là.
Dans la mouvance du Land Art, suspendu comme le passage dans l'imminence et le retard d'un incessant
dé-part, l'oeuvre oscille et se réverbère entre site et non-site, travail sur le terrain et traces multimedia
(photos, textes, sons, videos).



Un paysage perçu, lié à un point de vue.
Une étendue, un pays qui s'offre au regard.
Un site, un regard, une image.

Le regard transforme le site en paysage.

Michel Collot dans La pensée-paysage : “Partout où l’on va, la terre est séparée du ciel par l’horizon qui,
bien qu’il puisse être caché, est toujours là... l’horizon terrestre est un trait invariant de la vision, quel que
soit le point de vue”.

Notre vision ne nous donne jamais tout à voir à la fois ; elle ne nous procure pas un panorama, mais un
emboîtement de perspectives partielles, qui se modifient et se complètent à mesure que notre point de vue
se déplace. Notre champ visuel est délimité par un bord qui sépare ce qui nous est montré de ce qui ne
l'est plus ou pas encore... Et lorsqu'un aspect est occulté, il n'en reste pas moins intégré à ce qui est perçu.

Michel Collot dans La pensée-paysage : “ On ne voit pas seulement ce qui est présent à la vue à un
certain moment d’un certain point de vue, mais un monde visuel qui continue au-delà jusqu’à l’horizon”.





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