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Carte Blanche à Ron Dyens-SACREBLEU Productions

          Momoko Seto préfère l’image en mouvement, elle connaît les ressources de l’animation qui,
sans s’inquiéter de changement d’échelle des plans, fait du minuscule, le grand, qui, s’approchant au plus
près, fait d’une peau, une terre. Ainsi une orange pourrie portée par le mouvement vidéographique devient-
elle un astre voguant dans le firmament alors que les taches de pourrissement des choux-fleurs en font
des fleurs de fractales.

          Momoko Seto écrit son monde poétiquement, en palettes colorées dans l’appréciation des
teintes et leurs tonalités, en rythmes souples dans le déplacement des éléments.

          Planet Z n’est pas davantage un court métrage d’anticipation qu’une épitaphe, il ne lance pas
d’accents plaintifs mais une ode au recommencement et à la beauté cachée.

                                                                            Simone Dompeyre

                                                                  Georges Sifianos, C'est Môa, ego,
                                                                  13,50min

                                                                               Pour amorce

                                                                        Norman McLaren a adressé, en 1986,
                                                                  une lettre à Georges Sifianos, où il revenait
                                                                  sur sa définition de l’animation dont on lui
                                                                  reprochait de la restreindre au dessin. Il y
                                                                  affirmait user du terme « dessins » en « effet
                                                                  simple et rhétorique ; les objets statiques, les
                                                                  marionnettes et les êtres humains peuvent
tous être animés ». Cependant, McLaren n’en restait pas à la notion triviale liée aux techniques possibles ;
par «animation» il pensait le mouvement créé par l’interstice entre deux images, pour lequel il inventa l’«
entrevoir ».
                     Penser en animation

    Le sommaire, qui tient du régime du livre, énumère cinq moments, dont un d’introduction sans autre
précision et un dernier déceptif puisque son titre « Récapitulatif » dénote que la résolution ne s’atteint pas.
Il omet d’annoncer un moment, le seul porteur d’espoir : Emancipation. Plus, le corps du développement
s’annonce négatif : Oppositions / La bataille / Maître et esclave, se faisant l écho du « C’est Môa » titro-
logique. Ce titre mime une prononciation dépréciative pour son énonciateur.
Le film s’éloigne pourtant d’un exercice pédagogique fustigeant l’égocentrisme ; au contraire, il se bat
simultanément contre une idée monolithique de l’animation tout se renversant le topos de la marionnette
qui rêve d’être vivante, puisque ce sont les humains qui adoptent ses attitudes.

          L’animation n’est pas un genre mais un mode d’écriture susceptible de tous les genres, c’est
avec elle que débute le cinéma - avant les Lumière - Emile Reynaud peignait sur son ruban qu’il faisait
avancer manuellement à l’aide de cabestans; il animait ainsi son Pauvre Pierrot, il rudoyait de coups de
pieds aux fesses, le voyeur très préoccupé par le déshabillage d’une jeune fille dans sa cabine de bois,
ce qui donne le titre - Autour d’une cabine. C’était en 1892 et 93, Reynaud qualifiait ces opus de Théâtre
optique et les classifiait comme « pantomimes animées ». Quant au premier film d’animation en volume,
Matches appeal, de Arthur Melbourne Cooper, il se tourne en 1899, en Angleterre dans une séquence de
propagande qui devait inciter à envoyer les dites allumettes-matches aux soldats envoyés en Afrique
Centrale lors de la Guerre des Boers. En France, Cohl, « directeur de trucs » chez Gaumont, associe dès
1910, dans Le Peintre néo-impressionniste, scènes d’atelier filmées avec le peintre, son modèle et son client
et animation dessin, papier découpé et silhouettes blanches pour les tableaux…

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                              63
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