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Carte Blanche à Ron Dyens-SACREBLEU Productions

                                                                     Serge Avédikian, Chienne d'Histoire,
                                                                     15,14min

                                                                            Constantinople 1910.
                                                                            Les rues de la ville sont envahies de
                                                                     chiens errants.
                                                                     Le gouvernement en place depuis peu,
                                                                     influencé par un modèle de société occi-
                                                                     dentale, fait appel à des experts européens
                                                                     pour choisir une méthode d’éradication,
                                                                     avant de décider brutalement et seul, de
                                                                     déporter massivement les chiens sur une
                                                                     île déserte, au large de la ville. À travers le
double regard d’une chienne et du gendarme qui l’encage, on suit l’exil forcé, l’abandon et l’agonie
de 30 000 chiens dont la plupart sont morts de faim et de soif.

Atsushi Wada, The Great Rabbit,
7,15min

    « Si vous croyez au « Lapin », vous
croyez à tout. Si vous ne croyez pas au
Lapin, vous ne croyez à rien./ If you belie-
ve in The Rabbit, it means that you will
believe anything. If you don’t believe in
The rabbit, it means that you won’t belie-
ve in anything.»

          Ce texte préliminaire n’étonne
qu’à moitié les assidus de la pensée
japonaise souvent imprégnée de Shintô
ou voie du divin, puisque cette religion animiste et panthéiste se fonde sur le respect des Kami, divi-
nités ou esprits pouvant habiter toute chose. La proximité enfant/animal étonne encore moins les
amoureux de l’animation japonaise et de Miyazaki ; pourtant, le monde d’Atsushi Wada secrète une toute
autre atmosphère. D’emblée, un cercle avance dans le champ, c’est un ballon posé sur le ventre d’un gar-
çon, aussi joufflu qu’une statue de Bouddha ou que celles des tombes d’enfants que les Japonais habillent
d’un tissu coloré. Cependant, ni signes religieux ni couleurs dans cet espace très blanc perturbé seule-
ment par un cercle jaune flanquant le « great rabbit », pas de passage de torii pour l’atteindre, un mur à
longer seulement.

          Ce n’est pas davantage une amitié canonique des livres d’enfants, à fonction initiatrice de rap-
ports sociaux, même si un oiseau et un animal-belette se retrouvent couchés près de l’enfant après leur
course. Même si le second se frotte aux jambes du garçon ; trop petit, il ne peut atteindre les mains que
le garçon trop gros ne peut abaisser davantage. Rien ne transforme leur premier comportement, il se répè-
te. Plus encore l’enfant participe à une longue file toujours renouvelée d’enfants aussi ronds que lui, iden-
tiques même, chacun avec son ventre-ballon, ses cheveux courts et noirs, ses traits non marqués, petite
bouche, petits yeux. Ils s’approchent d’une chaise où est juché un enfant différent d’eux, plus mince, il a
des oreilles de…lapin et une minuscule queue qui poussent et se rétractent à chaque passage.

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                                59
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