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                             Vidéos Nomades

                 Potin déclare l’amour: «Je pourrais te dire 40 fois je t’aime.»
                            Quant à Quaranta, elle allie le bonheur des choses simples à la reconnaissance de l’implication

                 d’une forme sans se départir d’un humour léger.
                 Claudie Lévesque et Michelle Beaudoin ont choisi dans la maison de la seconde, des objets sphériques jus-
                 qu’à 40… non pour une accumulation, un tas mais dans une gestuelle aussi simple que répétitive avec de
                 légères variations réclamées par la taille et le matériau de la boule.
                 Tendre le bras, laissant le corps hors-champ, en tenant l’objet au-dessus de la pelouse d’un vert brillant, le
                 déposer - sauf une fois - le reprendre avec l’autre main, sauf en cas de trop grande fragilité, la reprise est
                 précautionneuse pour la boule de verre ou sauf s’il s’agit d’un petit groupe jeté comme des dés ou d’une
                 plus grosse roulée comme un ballon. Ce processus filmé en plan zénithal provoque un plan renversant le
                 point de vue ; le sol s’y « verticalise » mais la boule reste dans le creux ménagé dans l’herbe par le pre-
                 mier objet plus lourd, puisque c’est un cactus en pot transformé en cercle, par cet axe de vue.

                            Ce changement de matériau prouve l’invention portée par la contrainte. Les boules se distinguent
                 aussi par la forme ; d’abord porteuses d’aspérités rondes ou type chou-fleur, elles proviennent ensuite
                 quasiment toutes de décorations de Noël avec une préférence pour le blanc et le simple : les deux ou
                 trois noires sont ornées de motifs floraux ou circulaires blancs sauf la toute petite qu’il faut déplacer le long
                 d’un fil- celui d’accroche de l’arbre.
                 En décalage, l’une est ouverte du bout des doigts comme un œuf-coque. En décalage, une de fourrure est
                 ébouriffée comme un petit animal. En décalage, l’une, taillée en diamant, éblouit. En décalage, sur l’une un
                 visage, est-ce celui de qui la tient, est imprimé sur la boule de verre… cela est déjà passé.

                            Et la durée prend poids puisque ce sont 40 bribes d’action qui s’exposent, le temps se concrétise.
                            Et ce faisant, des indices de vie, des options se disent selon les objets retenus et tenus… un por-
                 trait se dessine en creux… dans ces deux minutes. Le sourire toujours à fleur de main : la dernière boule
                 blanche, encore, laisse filtrer une petite fumée tout aussi blanche.
                            Cela fut plus encore explicite puisque la projection fut renouvelée, dans deux rues du vieux
                 Toulouse quand dans l’obscurité de la nuit tombée, nous avons suivi la projection-nomade, pour saisir
                 les variations sur les murs extérieurs. Quaranta s’y décompta pour un pan de plaisir, qui sans contrain-
                 te s’y partagea.

                                           *Queneau s’en est insurgé dans Bâtons, chiffres et lettres : "Une autre bien fausse idée qui a
                   également cours actuellement, c'est l'équivalence que l'on établit entre inspiration, exploration du subconscient et libé-
                   ration, entre hasard, automatisme et liberté. Or, cette inspiration qui consiste à obéir aveuglément à toute impulsion est
                   en réalité un esclavage. Le classique qui écrit sa tragédie en observant un certain nombre de règles qu'il connaît est
                   plus libre que le poète qui écrit ce qui lui passe par la tête et qui est l'esclave d'autres règles qu'il ignore."
                   D’autres Ouxpo La Force de Sébastien Laudenbach P32; Petits films de Carole Contant P17

                                                                          Simone Dompeyre

                                                                               Anaïs Pelaquier, Pleureuse, 1,30min
                                                                                     .

                                                                                Et ses yeux versèrent des larmes blondes.
                                                                                         Pleureuse perpétuelle

                                                                               Travail issu du projet Broderies (2012-13, photos
                                                                               anciennes cousues, perforées à l'aiguille)
                                                                               Pour Broderies, j'ai acheté aux Puces et aux
                                                                               enchères d'ebay de vieilles photos de famille,
                                                                               photos dispersées, abandonneé s, aux identités
                                                                               perdues. J'ai commencé à coudre leur visage, les
                 faisant disparaître. Avec du fil, plus tard avec des cheveux. La transparence causée par les trous de l'ai-
                 guille dans les photos m'a amenée à les perforer dans un jeu allant de la disparition, du fantomatique à l'ap-
                 parition de leurs organes, de ce qu'on ne voit pas, de ce qui n'est peut-être pas dit. De ce travail est arrivé
                 le deś ir de filmer ces images, de les mettre en mouvement, en vie...

            72 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus
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