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Photographies Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 96

Comme dans certains bons flms, les protagonistes sont fous, mal cadrés, déformés. Curieusement,
il ne s’agit pas là d’un problème technique mais plutôt d’une espèce de maladie qui les a touchés.
Leur manque de défnition, étant donné la complexité de leur identité, devient un problème matériel.
Jusqu’à présent je n’ai parlé que des silhouettes, mais, est-ce que dans le fond nous ne trouvons pas
des modalités et des rythmes capables de nous perturber tout autant ? Pourquoi ne pas nommer ces
marais primitifs, ces atmosphères tempérées et obscures de notre civilisation moderne alors que s’y
rencontre précisément la force capable de dissoudre et d’engloutir ou au contraire de faire émerger
des formes, selon son bon plaisir ? Quant au fond lui-même, c’est un spectre plastique déformant, dont
les corps qui l’habitent dérivent vers des états moins prévisibles ; où, des lors, les concepts habituels
ne concordent plus avec ce qu’habituellement ils désignent.
On a l’habitude de dire que les ténèbres ne s’expliquent pas. Il est évident que, s’il y avait quelque
chose à faire avec elles, ce serait d’en cerner les limites ; encore faudrait-il qu’elles se laissent délimiter,
puisque là repose, en partie, ce qui les défnit. Pris dans une telle atmosphère, Alain Brendel déborde
les états perceptifs et les phases affectives du vécu. Espèce de voyant, il est celui qui a vu dans sa vie
quelque chose de bien trop grand, quelque chose de bien trop pénétrant.
Mikel Otxoteko



































© R.Bourrillon










- 3. Prép’art -
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