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                        Traverse projette à l’UGC

                                                                Marion Bayard, A un fil, 7,05min

                                                                       Un conte explique que le petit renfoncement sur nos
                                                                lèvres est la trace laissée par le doigt de l’ange qui, au
                                                                moment de la naissance, nous fait oublier tout ce que nous
                                                                savons du monde.
                                                                Après un premier plan en bleu mouvant qui refuse la locali-
                                                                sation et un fil bleu qui débute la vidéo, A un fil coud chacu-
                 ne des expériences d’un bébé. Se défaisant de sa position de fœtus pour attraper le fil bleu, il délie
                 ses petites mains pour rapprocher une prise électriuque mâle d’une femelle afin que le courant
                 déclenche le voyage originel de la naissance.
                            L’imagerie animée pourrait rejoindre le livre d’enfants, tant ce poupon bébé joufflu et souriant au
                 corps parfait provoque le sourire ; cependant le monde réel, lors de ses passages du monde utérin au
                 monde extérieur, séquence après séquence, assène l’inhumanité qui gouverne l’homme.
                 Pour ce faire, Marion Bayard réunit divers modes d’écriture vidéo : dessin animé, ombres chinoises, ima-
                 ges d’archives, fiction et film amateur pour poser l’hypothèse du choix avant la naissance. Naître ou ne pas
                 naître.
                            La première rencontre de la brutalité reste dans l’ombre, quand ce sont les silhouettes d’un
                 homme frappant une femme de coups de ceinture et de la femme abattue qui effacent le sourire du bébé.
                 Sa seconde occurrence inclut des plans nocturnes de la rue où un groupe chahute, trompant l’enfant qui
                 y voit des jeux avant la découverte d’un corps abandonné inerte sur la chaussée.
                            Les mimiques de l’enfant changent et son désir de rassembler les prises se fait plus hésitant…
                 Cependant, la vue d’un landau à l’ancienne sur hautes roues et sur un monticule redonne un espoir vite
                 éteint par un bombardement.
                 L’enfant devient refus de naître, quand, en montage court, en plans rapides s’accumulent les horreurs de
                 ces images dites du siècle parce qu’emblématiques des faits du monde. Actes de cruauté de tous les coins
                 du monde, d’hier ou d’aujourd’hui, assassinats à bout portant d’opposants politiques, bombes atomiques,
                 cadavres sur champs de bataille ou sur des mines, tueries.
                           Marion Bayard sait nous capter par l’image heureuse quasiment spontanée devant un bébé, or
                 celle-ci s’avère un appât pour nous ferrer vers le chemin d’une parole engagée contre la violence.
                           La réalisatrice veut y croire puisque son explicit renverse positivement son exergue qui, lui, cite
                 La Trilogie du Caire de Naguib Mahfouz, selon lequel si l’on savait ce qui nous attend dans le monde, nous
                 préférions ne pas naître. Pour preuve, elle clôt A un fil, par un remerciement aux parents - or ce sont eux
                 qui font la naissance - et plus encore, elle prouve l’espoir par la naissance en fiction et plus personnelle-
                 ment, encore, grâce à un film de famille des premiers jours.
                 Ainsi après avoir décrit la difficulté de l’enfant-film dans les entrailles de sa mère, elle le suit quand, mal-
                 gré ses réticences, il naît happé par la lumière et les mains accueillantes des accoucheurs. Puis c’est le
                 film de famille qui se souvient du serrement de main par les petits doigts d’un enfant vrai, de ses premiers
                 sourires dont l’un fait la clausule avant le générique qui, lui, réunit les photos d’enfance de ceux qui ont
                                                                 participé à cette réalisation.
                                                                 Simone Dompeyre

                                                                 Gérard Cairaschi, Storia, 6,45min
                                                                        Portés par un chant, images et fragments de récits s'en-

                                                                 tremêlent. Simulacre, rituel magique ou religieux, rituel de
                                                                 mort ou de passage, rien n'est explicite dans l'action qui se
                                                                 joue entre les personnages, entre l'extrême proximité et, en
                                                                 même temps, l'absolue distance qu'expriment gestes et corps.

            44 Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus
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