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Traverse projette à l’UGC

                                                Celia Eid, musique Robert Coburn, Interstitial Traces,
                                                10min,

                                                                 Ce qu'un artiste a fait, ce qu'il cherche à figer
                                                de sa recherche à travers son travail, c'est une marque qui
                                                s'évanouit après un mouvement de pinceau dans le noir, puis
                                                ensuite des textes et des mots qui expliquent des intentions
                                                imprécises si souvent. Quelquefois simplement, le bal de
                                                l'outil a lieu sous nos yeux, il se déroule comme le ruban
d'une gymnaste artistique, comme une feuille qui glisse sur le courant. Intersticial Traces est une somme
de techniques qui explique d'elle-même la recherche plastique de ses auteurs.

          Interstitial Traces, travail d'animation vidéo, est le résultat de la collaboration entre Celia Eid, artiste
plasticienne et Robert Coburn, musicien. Ils ont travaillé ensemble sans se voir physiquement, mais en tou-
chant leur esprit de sons, couleurs et formes qui voyagent, en bel exemple de la puissance des supports
technologiques actuels, qui permettent le travail en équipe à distance.

          Afin de refléter l'harmonie des moments d'activité intime de la nature et des habitudes humaines
quotidiennes, l’œuvre est structurée d'après les proportions du nombre d'or. C'est donc en clignant de l’œil
avec cette équerre invisible à la main que Eid et Coburn ont trouvé un équilibre adéquat, pour mettre côte
à côte le produit de leurs esquisses. Les sons ambiants captés au Japon décrivent des paysages intimis-
tes de recueillement, des coins de verdure et de méditation qui se marient aux lignes changeantes des des-
sins abstraits de Celia Eid. La superposition de la forme et du son n'est pas seulement une coïncidence
temporelle, car l'animation porte des informations de la mappemonde de la découverte, des images qui
nous reviennent à notre première visite d'un espace inconnu, les sons qui s'entremêlent avec les odeurs
et les lumières, les contrastes. Le murmure d'un espace empli de personnes qui résonne comme le fond
marin, les conversations cueillies à moitié, les pas d'une femme qui s'éloigne.

          Soudain, un changement de rythme emporte dans un courant de petits modules dansants, une
succession interminable de carrés rouges qui se fondent dans leur propre répétition agrandie par la suite.
Interstitial Traces c’est une portée musicale d’un nouveau genre, qui traduit les notes de la vie et des sens,
en mouvement, une partition du son de la vie d'un temple au Japon.

                                                                            Isabel Romero Claveau

          La réalité de nos perceptions, les traces, sont autant d’interstices, grâce auxquels nous pénétrons
dans le bloc de nos intuitions. Cette oeuvre est une collaboration entre la vidéaste et le compositeur Robert
Corbun, créée alors qu’ils habitaient dans des continents différents, elle en France et lui au Japon ; s’y per-
çoivent ces deux influences. Le flux et les gestes abstraits sont plus marqués par la nature artistique fran-
co-brésilienne de Célia, tandis que l’univers sonore de Robert prend racine dans le champ d’enre-
gistrements faits au Japon.

          Ils cherchaient un compromis entre les rapports « premier plan » et « arrière plan », ce qui a
induit, au début, des lignes blanches sur le noir horizontal de l’image de Célia comme un arrière-plan
évoluant vers d’autres formes. Robert a composé des formes musicales enregistrées du monde réel,
après avoir vu l’abstraction animée de Célia. L’abstraction de l’image et la non-abstraction sonore
constituent une combinaison adéquate.
Au fur et à mesure que le travail se faisait, les éléments « premier-plan » et « arrière-plan » ont changé.
Comme dans toute collaboration, l’oeuvre a évolué vers des chemins insoupçonnés, entraînant les deux
artistes à participer activement lors les choix à prendre.

                                                                            Simone Dompeyre

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                                  45
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