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Traverse projette à l’UGC
Simone Massi, La Memoria dei Cani 8min et Nuvole
Mani, 9min,
Si l’on en croit le Web « Dans les films de
Simone Massi, il n’y a pas d’action à proprement dire, ce
sont plutôt les petits riens du quotidien qui sont à l’hon-
neur, ceux auxquels on ne prête guère attention.»
Dès lors, d’où vient cette sensation de noyade dans les
ligne et d’ivresse dans le mouvement des scènes qui
se succèdent en se fondant les unes dans les autres?
Le grattage de l'artigiano perd complètement sa dureté dans les vagues d’images. Le papier et
l'outil participent à la narration expérimentale, le récit est conjugué à une maîtrise plastique adaptée à la
redécouverte de sensations perdues. Nous pouvons parler d'un journal porteur des sensations de l'artis-
te, qu’il nous tend pour les apercevoir, les comprendre et les ressentir par la finesse des traits de crayon,
des ombres qui simulent les traces de la gouge sur le bois.
L’animation offre aux lignes une nouvelle version de leur direction sur la surface, un point de
fugue vers le haut, le bas, l’horizon ou la pupille de l’œil d’un chien, celui du titre.
En un primitivisme du trait calculé, Simone Massi invente sa vision d’un souvenir gribouillé sur un
vieux bout de papier retrouvé, chiffonné, portant encore un arôme oublié. Cette vision réveille celle
de notre pensée des origines de chacun de nous. Ainsi la formulation « pas d’action à proprement
dire » ne serait qu’une confusion entre l’action et l’acte.
La mémoire est l’acteur et le sujet de ses narrations. Ainsi l’enfant, les adultes, le chien, les per-
sonnages semblent ne pas suivre un scénario précis, l'action s’opère dans notre archive de sensations.
Un tiroir s’ouvre et le bout de papier oublié jaillit, à demi effacé par le temps, il crépite comme s’il brûlait,
le souvenir fugace revient, la texture des mains d’une grand-mère, sa façon d’éplucher les légumes, toute
une éducation des textures, des odeurs de celles que nous n’avons plus le temps d’observer ni apprécier.
Ses films dépassent l’anecdote d'enfance, ils ne se résument pas en un souvenir d'une pro-
menade à la campagne. Ils ne se plient pas à l’exercice d’écriture cinématographique, mais rendent sensi-
ble l’acte mémoriel, ce qui s’avère avec plus d’exactitude l’œuvre de Simone Massi.
En coda
La Memoria dei CanI
La porte qui claque, le tonnerre et les cris, la terreur et la solitude, tout est écrit sur le regard de l'en-
fant. Le reproche, puis un souci de comprendre et de remémorer, bien-sûr. Y a-t-il autre solution que d'es-
sayer de comprendre lorsque un souvenir si douloureux vous hante depuis si longtemps?
Nuvole Mani:
Comment décrire un moment de parfaite beauté? Comment retenir cette impression du temps qui passe
au ralenti, une promenade à la campagne, l'herbe tendre et le pelage du chien, aussi douces l'une que
l'autre.
Le promeneur voit le temps se figer, ceci s'exprime par
la dépossession de tout ce qui est matériel et futile. Il
décrit pour nous cette paix qui l'envahit, arriverons-
nous à retenir ces métaphores pour tromper la nostal-
gie?
Isabel Romero Claveau
(Voir page 62)
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