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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 129

Ainsi la seconde fgure féminine avançant à travers les bois, s’attaquant aux pentes et avançant tout aussi
isolée, advient-elle comme le double, la variation comme on dit en musique, en majeur, de la résistance
à ce qui affaiblirait le corps souffrant. De rares gros plans portraits assument leur ressemblance. Certes
l’une court plus véhémente que l’autre et son ahanement affrme sa résolution où l’autre sans bruit touche
le sang ayant coulé jusqu’à sa botte débordant de neige. L’une traverse, recherche quand l’autre danse.
Dans la disproportion de son corps face à ces monts, elle risque des gestes chorégraphiques, sa tête
se penche, elle danse son grelottement. L’une s’essouffe interloquée ou crie contre un arbre mais le
son ne parvient que plus tard, décalé ; l’autre se laisse glisser dans l’amas.

Leur avancée se redouble jusqu’à un duo, en un montage alterné qui les enserre dans le plus haut de
la montagne avec le même comportement celui d’avancer sans faille, de s’arrêter, de se retourner ;
et ce montage alterné d’inclure les entités naturelles et montagnes, cascades, pics, bois sont crédités
dans le générique avec leur nom.
Alors le son qui a suivi leur avancée personnelle, vraiment la leur, avec le crissement de la neige, le son
inframince dans la neige, se fait-il répétitif ici avec le retour d’un simple phrasé au piano, puis en musique
ambient planante du rapport à ces - au sens fort - admirables monts et pics. Refet dans l’eau, éclats
du soleil entre les branches portent aussi la possibilité d’un à-venir…encore inconnu mais possible.
Leur chemin dont jamais ne se redoute qu’il ne mène nulle part tant la force métaphorique prime sur
un quelconque caractère réaliste, ce chemin frayé par chacune ne se croise pas, n’a pas à se croiser…
il est dans sa défnition même d’avancée et de parcours jusqu’à cet espace entre les montagnes vers
lequel la silhouette est happée, jusqu’à cet a-temporel capable de nouvelle plénitude.
Simone D.

Elle dit :
« Deux femmes courent à travers un espace vierge dans lequel la nature devient la troisième protagoniste.
On ne sait si l’une suit l’autre ni ce qu’elles recherchent. On ne sait d’où vient la prise de conscience
d’elles-mêmes ni ce qu’elles vivent. Une histoire suspendue, onirique et abstraite se fait le lieu du thème
de la maladie liée à la scission, à l’abandon d’une partie de soi-même, dans une recherche constante
de la manière de vivre avec ce changement. »




















© R. Alvarez




- 7. Prép’art / Decazeville-
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