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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 131

pour n’être plus que ce bruit repris par ces autres enfermées dans ces boîtes alentour. Cet unisson
induirait à penser cette laie comme fgure d’une nouvelle mythologie ou métamorphose comme la
littérature dès l’Antique d’Ovide ou d’Apulée les inventait ou comme les contes de fées transformaient
celui ou celle désobéissant ou trop aimé/e d’un Dieu ou d’un humain ce qui déplaisait à un puissant.
Le narrateur de l’Âne d’or d’Apulée, transformé par erreur par sa maîtresse, devait manger des roses
pour retrouver son humanité…
La laie égarée dans l’étang a-t-elle subi une transformation inverse, est-ce consécutif à son état et de
qui est-elle enceinte. Chante-t-elle un poème lettriste minimaliste, un plaisir du jeu du son répétitif,
ou bien femme réduite aux borborygmes a-t-elle été condamnée à perdre sa parole pour avoir trop
parlé sans fonds ou d’elle-même s’est-elle dédiée, nouvelle prêtresse de l’eau, à cette prise à la lettre
de l’irraison des mots.
Simone D.



Eva STOTZ, One Million Steps, 20 : 00 min, Alle., AOM

Le million de pas du titre s’entend au sens littéral, nombre de pas s’échelonnant au long des 20 min
vidéographiques, il inaugure, dans le prologue en animation, le propos et la traversée de la ville ; la
numérotation apparaît lors des moments cruciaux comme la danse militante des opposants à Erdogan
et le carton fnal qui résume la réaction à l’oppression de la manifestation de 2013, sur la place Taksim
à Istanbul.
L’incipit est sans ambiguïté sur l’engagement du flm, de la performeuse et de ses concitoyens turcs
réunis dans la rue pour clamer leur refus au gouvernement de Erdogan ; le montage alterne un numéro
de danse dans un lieu fermé et des scènes documentaires de manifestants dont les pieds eux aussi dan-
seurs sont perturbés par ceux chaussés de bottes noires des policiers en armes qui avancent en masse.
La jeune femme fait des claquettes, le gros plan précise les lourdes chaussures avec semelle à bout
de fer avant le portrait de cette jeune femme en sourire, robe noire à pois blancs et colliers de grosses
perles rouges : son « costume » festif pour exposer, dans l’espace urbain, sa danse libre qui, d’abord,
ne se refète que dans les lumières de la scène avant que, désormais en un dessin d’animation très net,
elle se confronte à une brèche dans le sol, qu’elle agrandit à coups de talon afn de s’y jeter et de
retrouver la manifestation où garçons et flles, hommes et femmes partagent, main dans la main une























- 8. Decazeville-
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