Page 109 - catalogue_2012

Susanne WIEGNER

at the museum
Ce serait se satisfaire trop vite de cette haute voltige des signes visuels ; avec un bruit que ne refuserait
pas une série SF, un globe transparent tombe avec force et précision sur celle-là ; alors le travelling,
inverse à l’initial, recule ouvrant le champ, avec la variante de l’objet posé sur sa stèle, pour revenir au
tableau premier dans son encadrement, le tableau voisin cantonné reste encore en amorce…Le recul
expose un tableau qui intègre le socle avec globe.
Museum n’invite pas le doigt comme y convie la bande de Möbius mais agite le regard. Dedans,
dehors, mouvement, immobilité, bruit pourtant du réel, sont totalement entrelacés. Le calcul est maître de
l’espace car il est crée. L’artefact est artefact, il peut déborder nos chemins de passage du quotidien, il n’a
pas à obéir à un référent certifié, même si le projet figuratif se doit de garder des signes iconiques.
L’écriture numérique y reconnaît son pouvoir. Certes, le tableau dans le tableau ou l’impossible
distinction des cadres dans le cadre des Magritte dénonce déjà l’illusion picturale, et trahit l’idéologie de la
“ fenêtre sur le monde ” pour l’idée paradoxale d’une croisée ouvrant sur l’intérieur. Cette atteinte à la
mimesis produit de semblables ratés dans la représentation afin de saper l’illusion référentielle du
spectateur, elle l’entraîne au questionnement sur sa réception de l’oeuvre, la production du à-voir et sur le
à-voir lui-même.

Elle se plaît à la bifurcation et au retour du soi pour le plaisir de la bifurcation. Et pour le jeu, un poème qui
s’annonce « Fable »
Par le mot par commence donc ce texte
Dont la première ligne dit la vérité,
Mais sous ce tain sous l’une l’autre,
Peut-il être toléré?
Cher lecteur déjà tu juges
Là de nos difficultés...
(Après sept ans de malheurs.
Elle brisa son miroir.)
Francis Ponge

Simone Dompeyre

*Möbius -peut-être en rappeler les dates : 1790-1868, pour éviter de confondre avec l’homme de la bande
dessinée qui, pour certains de ses albums, adopta ce nom en pseudonyme -, cet Allemand, dont les
recherches réunissaient mathématique et astronomie, spéculait sur l’espace. Pour en expliciter les
paradoxes, il inventa une figure, dès lors désignée comme la bande de Möbius, surface n’ayant qu’un seul
côté ; pour ce faire, on colle les points de la largeur d’une bande, en inversant les coins et non dans la
coïncidence des coins du bas avec coins du bas et de ceux du haut avec ceux du haut, cela produit des
plans tordus et raccordés dont on parcourt du doigt l’endroit et l’envers sans changer de face.

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