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Anna-Lena GREMME


My Market Place
« Je voulais savoir ce que les gens voient »


Lors de la 15ème édition des RENCONTRES D’ART EXPERIMENTAL TRAVERSE VIDEO, le
Goethe-Institut s’est entretenu avec l’artiste allemande Anna-Lena Gremme à propos de My Market Place
et de son départ de l’Académie des Beaux-Arts de Mayence pour rejoindre l’ENSBA de Paris.
L’artiste âgée de 26 ans explique aussi pourquoi elle a récemment entrepris une recherche “du naturel“
dans l’espace urbain.


Dans My Market Place, six passants différents décrivent un même lieu, un seul et même lieu.
Jamais ce lieu n’est intégré dans le champ aussi le spectateur ne l’appréhende-t-il que par les
descriptions très diverses des divers passants. Il s’avère que chacun voit les choses de manière
différente. Comment est née l’idée de cette vidéo ?


A l’origine, j’avais une autre idée. Lors d’un voyage en Israël, j’ai demandé à des passants de
me décrire les différents lieux que je visitais au lieu de simplement les photographier. Le résultat restait
toutefois un peu hétérogène et l’idée de My Market Place m’est venue. J’ai pu constater combien la
perception peut différer, ce que traduit clairement la vidéo.

Le lieu que tu as choisi est une place de marché dans ta ville natale de Mayence. Quels critères
ont-ils déterminé ton choix ?


Il m’importait de choisir un lieu particulièrement diversifié afin de laisser aux passants plus de
latitude dans leur description. Le choix s’est finalement porté sur une place de marché que je ne voulais
pas montrer sciemment. L’objectif n’était pas une description détaillée de la place, étant donné que la
description d’un lieu, comme celle d’un tableau reste toujours insatisfaisante et ne peut jamais être
exhaustive. Au centre s’imposaient les passants et leur perception.
Parlons-en. Quelles directives leur as-tu données ?


Aussi peu nombreuses que possible. Je leur ai seulement dit : “Décrivez ce que vous voyez”.
Les réponses devaient être spontanées et naturelles, afin de ne pas, d’emblée, diriger la perception dans
telle ou telle direction. En fait, la vidéo est une sorte d’expérience. Ce qui m’a tout simplement intéressée,
c’est de savoir ce que les passants voyaient.

Le résultat est impressionnant. Si l’on ignorait qu’il s’agit d’une seule et même place, on pourrait
penser qu’il s’agit de descriptions de lieux différents. Dans quelle mesure le descipteur et sa
personnalité deviennent-ils pour toi le thème de ton travail ?

Bien évidemment, la description que font les passants dépend fortement de la personnalité de
chacun d’entre eux, ce qui entraîne une grande variété narrative. Les passants, pensant faire le portrait de
la place, font leur propre portrait.

Peux-tu donner un exemple concret sur la manière dont la personnalité se révèle dans ta vidéo ?
Ce que je ressens se traduit nettement dans la séquence de la jeune femme un peu envelop-
pée. On remarque qu’elle utilise fréquemment l’adjectif “rond”. C’est une femme très sensuelle qui tente
de saisir les couleurs, les formes et les senteurs de la place.




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