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Christine COËNON


HPEA les Quatre Saisons
LE CYCLE DES SONS

Cette Tentation de Venise se nourrit de la création sonore précédente que Christine Coënon a réalisé à par-
tir de New York. C’est à la fois une suite et une rupture.
En 1998, Christine Coënon effectue des prélèvements dans Manhattan, puis réorganise ces échantillons
dans un ensemble de courts morceaux, qui, dans leur fugacité même, font percevoir des moments distincts
et précis dans une sorte de climatologie acousmatique, qui pourrait se comparer à une suite de focus en
termes d’images.
Cet opus, intitulé Les Colonnes de son, a été publié en CD en 2003 dans la collection « bruit son petit
son » du label Illusion Production, après avoir été présenté dans sa forme plastique dans l’installation
éponyme au Centre d’Art Contemporain de Basse-Normandie en 2000.
Ce qui motive, à l’époque, la création de cet opus, c’est une sorte de matérialité « verticale » du son new-
yorkais, la rugosité et le tranchant de cet espace sonore.
Venise, cité flottante, apparaît alors comme le contrepoint exact de la mégapole dressée. Presque
silencieuse tant les sollicitations sonores, mais également visuelles, semblent absentes. Et, il est vrai que,
dès que l’on s’écarte du circuit touristique, la différence d’intensité est particulièrement sensible, non pas
en terme de densité, mais essentiellement en terme d’agressivité.
Car le tissu sonore vénitien est particulièrement riche en modulations, et la prégnance du milieu aquatique
peut subrepticement le rendre évasif, voire flottant ou disparaissant…
C’est ce caractère ondoyant du son vénitien que tente de capter HPEA les Quatre Saisons.
La spécificité du tissu sonore vénitien est directement liée à la conformation de la Sérénissime. Il y a deux
corps qui s’encombrent l’un l’autre dans le corps-récit vénitien.
De même, il y a deux matérialités de son qui s’affrontent et se conjuguent dans le tissu sonore.
Claquements, raclements, tintements, chocs de la bousculade des corps et des machines. Chuintements,
bourdonnements, frottements, glissandi et gloussements des flux et des masses mouvantes.
Cette instabilité tourbillonnante présente dans l’échantillonnage est exhaussée par la composition d’HPEA.
Plus ou moins perceptible au naturel, la composition de Christine Coënon la concentre au point d’en faire
la signature génétique de l’œuvre, chaque saison venant ainsi exprimer l’ADN dans une « longueur
d’onde » particulière. Variation génétique ainsi reconduite et amplifiée par la variation climatique.































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