Page 121 - catalogue_2012
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Caroline ST-LAURENT


Papillon / bacon
Deux espaces s’y justaposent, dans leur différence affichée... l’un identifie sa fonction sans
ambiguïté aucune, une piscine olympique avec les blocs numérotant les couloirs empruntés par les
sportifs, l’autre intérieur, sans grande profondeur, blancs du fond et du sol, recouverts d’une bande
ponctuée régulièrement de la même forme géométrique noire, en un écho lointain d’un usage sportif.
Le plan fixe scrute les deux...
A gauche, sans surprise, un nageur/nageuse selon le crédit du générique : Myriam Lahmidi, lance sa tête
et les bras en brasse papillon..; elle suit la longueur, déterminée, ce que le ralenti détaille : perfection de
ce geste provoquant le juste remous aquatique.
Le parallèle, dans la même atténuation de la vitesse, étonne davantage : une jeune femme, robe décolle-
tée rouge - écho du bonnet de la “brasse-papillon” - à genoux, se lance sans le support de l’eau... Son
corps pourtant fait acte.
Regard précis - bien sûr, sans les lunettes que porte la “championne” - pour une arrivée non-déclarée, elle
prend appui, lève le buste et se plonge : la réalité de son mouvement induit le flou. Le revêtement subit
ses chaussures à talons, se plie, se plisse quelque peu sous les à-coups de sa témérité... ainsi
s’approchant, elle se jette sans veiller au relevé de sa robe qui découvre une culotte elle aussi rouge.
Ce sous-vêtement reste la dernière trace quand sa tête ayant quitté le champ, ses fesses irréverencieu-
sement achèvent son parcours - inversant le caché de la nage justement qualifiée d’aérienne, et qui,
sortant du champ, ne trace en dernière instance qu’une écume blanche.
Sans commentaire, la détermination de l’acte entraîne à proposer une polysémie pour bacon
rien de comestible, ni de morceau à griller, mais un corps décisif.

Simone Dompeyre









































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