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Christine COËNON


HPEA les Quatre Saisons


Une conspiration psychédélique !


PUISSANCE TOURBILLONNAIRE

HPEA les Quatre Saisons est une création polymorphe de Christine Coënon dont les matériaux de base
sont des images et des sons collectés à Venise à différentes périodes.
Polymorphe pour plusieurs raisons. D’abord parce que les sons et les images de Venise intègrent des
procédures d’assemblages parallèles mais disjointes. Création sonore et création vidéo sont séparées,
mais connaissent, évidemment des affinités électives.
Il y a forcément des liens puissants qui se tissent entre le son et l’image s’ils s’imprègnent d’un même
milieu aquatique, néanmoins, et au-delà du parallélisme, et même de la ressemblance des procédures
d’assemblage, le son n’est pas au service de l’image, et l’image n’est pas le témoin du son.
La deuxième raison réside dans la souplesse des assemblages, la variation du dispositif. Le corps de la
création vidéo est divisé en quatre parties – les quatre saisons, Hiver, Printemps, Eté, Automne – mais
cette division n’implique pas une hiérarchie ou une succession nécessaire. Chaque saison est autonome.
De sorte que les vidéos de chaque saison peuvent être présentées seules, ou en association deux par
deux, ou quatre par quatre comme dans le dispositif mis en place dans l’enceinte de l’Ostal d’Occitania à
Toulouse sur l’invitation de Traverse Vidéo.
La troisième raison tient à la relation particulière entre le son et l’image. Bien qu’autonomes au point de
pouvoir être vue ou entendu séparément, c’est-à-dire l’image sans son, et le son sans image (d’ailleurs la
création sonore fera l’objet d’une publication en CD), il y a une empathie immédiate entre les deux corps
dès qu’ils sont accouplés. Cela tient en partie à leur origine commune, et, évidemment à la personnalité et
aux choix singuliers de l’auteur au moment des montages sonore et vidéo, mais cela tient aussi à la
structure des montages, c’est-à-dire à la grammaticalité commune aux deux corps des rythmes et des
contrepoints, fondée sur la reformulation en boucle de la structure tripartite des Quattro Stagioni de Vivaldi.
Ce sont ces boucles de 12’, systématiquement composée en 4’33, 3’43 et 3’44, qui structurent les saisons
vidéo et son.
Mais cette empathie n’est pas exclusive, elle n’assigne pas nécessairement la musique H à l’image H, au
contraire, chaque saison de musique trouve des harmonies avec chaque saison d’image, et le mouvement
tourbillonnaire du corps de sons autour du corps d’images inaugure un nouvel événement de sensations à
chaque permutation. On peut donc voir les images de H accompagnées de la musique de A, ou les
images de P avec la musique de H, et ainsi de suite, c’est toujours une nouvelle expérience de perception.
Traverse Vidéo a permis de présenter ce dispositif de permutation à un niveau particulièrement intense, car
chaque saison d’images circulant en carrousel dans les écrans disposés en quadrangle, ce manège venait
à croiser les saisons de sons en bascule d’un angle à un autre.
Mais cette polymorphie tourbillonnaire du dispositif trouve son origine dans les corps eux-mêmes. Corps
des sons et corps des images qui contiennent déjà cette génétique tourbillonnaire.
HPEA c’est toute une hydrodynamique des sons et des images, faite d’accords et de dissonances, de
remous et de flottements. Mais pouvait-il en être autrement à Venise, elle-même synthèse disjonctive de
deux corps antagonistes.
La composition de formes sonores, et l’assemblage d’images en mouvement sont des dimensions déjà très
développées dans le territoire plastique de Christine Coënon quand elle s’adresse à Venise.








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