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Traverse Vidéo au Goethe
Jochen KUHN
Sonntag 3
Ce serait fort dommage de s’arrêter seulement, même si elle est savoureuse, à la tranquille
audace de la trame fictionnelle qui fait de la chancelière allemande, Angela Merkel, une femme recherchant
un amant sur un site de rencontres; homme qu’elle attend dans un café et suit chez lui. Le « 3 » du titre
indique la série, qui a débuté par Dimanche zéro comme prologue aux diverses occupations du dimanche
d’un homme ni jeune ni si séduisant. Pour Sonntag 1, il préfère rester au lit à repenser à ses rêves, pour
ce quatrième/ nommé 3, il ose des désirs plus téméraires, ayant prévu une aventure avec une inconnue.
Le scénario adopte le déroulement d’une telle occasion, à laquelle s’ajoutent les contraintes
induites par la personnalité de l’interlocutrice. Après l’étonnement de l’homme et alors qu’elle occupe
l’espace y compris langagier, ils partent en promenade, elle masquée pour déjouer la surveillance de ses
gardes du corps. Ils parviennent à l’appartement médiocre de l’homme, y compris pour la hauteur de son
étage, en rez-de-chaussée, ce qui empêche le suicide de la chancelière lorsqu’elle saute de la fenêtre .
L’homme est emprisonné pour que ne soit pas connue cette « affair », terme anglais
bienvenu pour désigner une relation adultère mais incluant la tentative d’ Angela Merkel.
Chemin faisant après un discours convenu sur le statut de femme mariée qu’il évoque et autres
réticences qui poussent la chancelière à réagir en femme vexée du manque d’enthousiasme de l’homme,
les demandes de jurer le secret et les propos obliquent sur le statut de la chancelière. Ils poursuivent sa
réclamation d’être femme, tout en regrettant que ce soit sa coupe de cheveux qui compte plus que ses
décisions. Ainsi, parmi ses déceptions, surgissent de nombreuses récriminations sur les ministres et
conseillers qui l’entourent, incapables, sans réelle idée, comme sur les citoyens qui ne comprennent pas
une phrase au-delà de dix mots.
De point en point, l’animation se fait virulente, la critique du politique va crescendo ; avec pour
acmé, la disproportion entre une chute ridicule et l’incarcération d’un homme qui n’en est nullement respon-
sable. Son égratignement de la Chancelière se fait heureusement dans la langue d’origine, avec plus de
poids pour les accusations.
Le film dépasse cependant ce projet narratif, il est invention d’écriture vidéographique et en connaî-
tre la trame ne clôt pas la nécessité de le revoir, c’est pourquoi il fut proposé à Jochen Kuhn une vision en
boucle et ce, dans l’entrée-même du Goethe Institut.
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