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            Traverse projette aux Abattoirs

y porte son grain de savoir pour l’ensemble du film.
       Ces fragments, inclus dans la formation de l’oeuvre, commentent diversement, précisément comme

autant de grains qui forment le château de sable, une des acceptions du sable ; le contre-ténor chante le
rappel biblique du Vanitas Vanitatum(is)/tout n’est que poussière, vanité des vanités ; c’est en interrogeant
son coquillage que la magicienne Aithra apprend que, sur le bateau qui le ramène de la guerre, Ménélas
projette de tuer sa femme Hélène qu’il accuse d’être responsable des malheurs des Grecs.

          L’anamorphose transparente flottant devant un moniteur diffusant des images de jeux de sable
est transportée des Ambassadeurs d’Holbein, tableau souvent compris comme un rappel à la finitude
humaine. Un terme en leitmotiv assume ces retours : tide / la marée qui, à chaque retour, apporte d’aut-
res éléments.

          Le film se construit en bande de Moebius, il commente sa manière d’être composé en se com-
posant, comme cette figure de mise en abyme, il ne peut séparer son dehors de son dedans.

          Plus encore, Paul Guilbert sait pertinemment que l’ordinateur a - encore- besoin du silicium pour
la fabrication de ses circuits intégrés. Le médium numérique repose sur le sable comme le génie selon La
Beauté du Diable auquel film de 1949, No Grain, non pearl emprunte la formule de Méphistophélès, par
la voix de Michel Simon si reconnaissable par son grain : « Je sais où se trouve le génie, il ne nous faut
plus que du sable… »

                                                                                   Simone Dompeyre

                                                 Antonio Poce, Sirene e incanti / Sirènes et charmes -
                                                 Omaggio a Ennio Morricone / Dédicacé à Ennio
                                                 Morricone, 4,08min

                                                         Antonio Poce est un homme de l’amitié, sûre, pleine.
                                                 Il la donne autour de lui dans sa générosité d’être mais il
                                                 déploie aussi sa création artistique pour des hommages à
                                                 des figures de l’Italie… après Nuvolari qui chantait le coureur
                                                 automobile et Coppi, le cycliste, il fait hommage à Ennio
                                                 Morricone plus près de ses propres champs artistiques,
puisque Antonio est aussi compositeur.
            Peut-être, faut-il rappeler que Ennio Morricone, indissociablement lié à Sergio Leone, a aussi
composé pour Bernardo Bertolucci, Pier Paolo Pasolini, Dario Argento ou Marco Bellocchio. Peut-être
aussi que, dès 1946, Morricone pratique les concerts, ce qu’il qualifie de musica assoluta, pour la distin-
guer de sa musica applicata, écrite pour les films et, plus encore, qu’il intègre, en 1965, le groupe d'im-
provisation et de composition avant-gardiste Nuova Consonanza.
Le souvenir aussi de ses partitions, dont les airs si connus en leitmotive annonçaient tel personnage
comme le préconisait l’opéra de Wagner. Cependant ceux si connus de Pour une poignée de dollars font
oublier l’expérimentation musicale du compositeur, dans l’ intégration à sa partition, de bruits et de com-
binaisons de sons de la nature, de guitare électrique et d’orchestre. De même, dans la bande sonore du
premier film de Dario Argento, L’Oiseau au plumage de cristal, l'atonalité de certaines séquences s’entre-
choque à d’autres de compositions tonales et au silence. Par ailleurs, le compositeur y emploie le re-recor-
ding de façon créative, dans son enregistrement sur bande magnétique, sur seize pistes dont chacu-
ne est réservée à la captation de motifs très proches mais se succédant aléatoirement.
                  Quant à la création de Sirene e Incanti, Flash opera composé par Valerio Murat et
d’Antonio Poce, elle ne saurait être sans le texte poétique et la voix de Giovanni Fontana.

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                            41
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