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            Traverse projette aux Abattoirs

                                                 France Dubois,The Movie Vanishes, 4min
                                                          Le film disparaît est, tout à la fois, mode d’em-

                                                 ploi, avertissement, indice de la teneur de cet exercice
                                                 de réminiscence et temporel. Ses 4min de condensation
                                                 s’emparent d’Une femme disparaît d’Alfred Hitchcock.
                                                 Elles savent renverser le processus souvent enclen-
                                                 ché dans l’usage du footage. En effet, en 1992,
                                                 24hours Psycho, l’installation de Douglas Gordon, dilatait
                                                 en 24 heures, Psychose du même réalisateur, en réduisant à
                                                 2 images / seconde les 24 du mouvement du cinéma.
                    France Dubois, dans la surimpression provoquée par l’accélération du passage, loin de
dévoiler comme ce ralenti extrême l’entre-image, produit le flou qui garde la trace plus que l’icone. Pourtant
çà et là, un visage se démarque, une silhouette se reconnaît, un geste se dessine, un lieu s’impose
ouvrant le souvenir du film réalisé en 1938, alors que l’Europe allait sombrer dans le fascisme et la guer-
re et que se dévoilaient sous le calme d’inquiétantes prémices. Une jeune femme, métonymie de l’éveil
parmi les turpitudes, et prénommée Iris comme l’annonciatrice de la mythologie grecque, recherche
Miss Froy. Alors qu’elles partageaient le compartiment du train de retour, avec eux, tous les autres
voyageurs démentent l’existence même de cette gouvernante âgée avec laquelle Iris avait sympathisé,
cependant leur visage froid portent autant d’indices de secret malveillant. Par ailleurs, au départ, Iris inau-
gurait les signes de l’étrange, assommée par la chute étrange d’un pot de fleurs, elle vit les visages de ses
amies se perturber.
          The Movie Vanishes adopte ce registre; au-delà de sa musique signal de suspense, le film lance
un jeu de piste, où parfois surgissent tel visage, tel geste : Iris et Gilbert - jeune musicien qui complète le
couple canonique hitchcockien, le seul à croire ce que dit la jeune femme- une nonne au regard perçant,
des médecins inhospitaliers. Les deux disparitions se fondent sur la perturbation des repères, sur l’empê-
chement de la perception. Un signe sur la fenêtre du wagon atteste de la réelle existence de Miss Froy,
des signes évanescents de plans attestent de la réelle existence du film au-delà de l’histoire, son fonde-
ment même ; tous deux réclament et réveillent le travail de la mémoire. Simone Dompeyre

                                                 Johanna Vaude, System Overload, 2min
                                                    Un système tourne à plein régime lorsqu’une intrusion met

                                                 à mal ses fondements et ses dogmes, ce qui provoque une
                                                 réaction en chaîne… La machine s’emballe et libère de
                                                 multiples aspirations totalement ignorées et incompati-
                                                 bles avec son programme initial.

Alfonso Nogueroles, Half a world away, here, 7min
     Un homme erre dans un pays pour oublier une terrible

expérience.
    Il hante le Japon, le pays le hante… ainsi que l’ami qu’il n’y

voit plus. Une voix masculine surmonte la musique à fonction
d’inquiétude, elle retient dans son contrepoint qui n’adhère pas
aux lieux occupés. Ce sont des questions ou des paroles simples mais elles préfèrent l’imprécis : « de quoi
parles-tu ? / quelque chose à penser ». Lorsque l’homme rencontre ses amis ou s’accoude avec eux à son
balcon, rien d’audible n’explicite leurs échanges… Les propos ne reçoivent de sous-titrage que lorsqu’ils
concernent, à mi-chemin, l’absence de l’autre et le désir d’être oublié à son tour; lorsqu’ils disent la
douleur : « j’ai touché le ciel, reviens / j’ai essayé de laisser tout derrière moi ».

Cinéma expérimental, art vidéo, monobandes - Processus                                                           39
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