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ET EN BOUCLE AU GOETHE
Miriam GOSSING / Lina SIECKMANN, Sonntag, Büscherhöfchen 2, 11min, ALL
Dimanche, une maison privée dans les
terres de Bergisches. Entourée par de banales mai-
sons habitées par une famille, sur la colline, à l’aube, la
propriété ensoleillée se pose immobile avec sa façade
jaune. Cependant, elle recèle un lieu de vie loin des cou-
tumes autochtones
L’intérieur est l’écrin kitsch qui guide et est
guidé par le mode de vie de ses propriétaires. La vie
quotidienne y est littéralement mise en scène dans un
décor exotique variant d’une pièce à un autre sans né-
gliger la salle de bains selon des fantasmes particuliers
de bonheur de magazines et de séries américaines. L’automatisation domestique aide sans doute les gestes du
quotidien mais les déborde par la colorisation à outrances, pourtant les occupations semblent liées à la routine. Pour
compléter le sourire, c’est dans le confortable sofa rouge que se regardait ce dimanche-là
Timo KAHLEN, Daylight, 2min 45, ALL
Le clic, la vacillation, le bourdonnement
des néons, allumés et éteints, structurent cette très
courte vidéo conceptuelle, qui – d’une façon très mini-
maliste – révèle pourquoi la lumière aveuglante et bril-
lante des néons dans l’atelier n’est en aucune manière
comparable au changement d’intensité, de mouvement,
de température, de couleur et de teinte du ciel à l’exté-
rieur. Un néon réel penché sur le poste qui accueillait
dès l’entrée le spectateur poursuit ce questionnement
de lumière et d’aveuglement.
Lucie MERCADAL, Le chant des bouilloires, 11min 52, ALL
Entre le feuillage des branches, les herbes
hautes et les papillons d’été ou au milieu d’un paysage
enneigé, de trois bouilloires s’échappent des filets de
vapeur ; elles sifflent, prêtes, l’eau bout à l’intérieur de
leur ventre bombé.
Le contraste s’instaure entre le lieu natu-
rel, protégé puisqu’éloigné des tumultes de la ville, lieu
sauvage, éloigné des nécessités de la vie domestique et
les… bouilloires, objets des plus habituels. L’incongruité
est d’autant plus exhibée que nul projet de pique- nique
ni de thé puisque nulle compagnie, aucun être humain
ne préside à de tels préparatifs, aucun n’assiste à ces appels des bouilloires. Rien non plus de la source d’énergie
pour alimenter les trois ustensiles. Ils posent plus qu’ils ne sont posés. Nature morte en image en mouvement, mo-
ment d’humour que croque l’artiste multidisciplinaire Lucie Mercadal mais humour où flotte la poésie de l’improbable.
Les bouilloires non utiles au thé sont des chanteuses que rien, ni personne n’arrête malgré leur signal
de température atteinte. Et la boucle de leur installation, là, en haut de l’escalier, se poursuit et poursuit cette souff-
lerie-sifflement pour notre sourire. TRAVERSE VIDÉO
GOETHE INSTITUT
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