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Qingmei YAO

                           Le troisième couplet de l’Internationale, solo à Monaco

Un écran sonore.
              L’écran reste noir, s’y inscrivent en jaune, centré le dialogue entendu en off. Jamais d’autres images

que ces phrases. La simplicité de cette pièce de Qingmei Yao est pour le moins surprenante, puisqu’elle nous a
habitués à des performances élaborées, à des situations complexes qu’elle décline en installations avec toujours un
humour décapant. Nous en retrouvons l’esprit frondeur dans Le troisième couplet de l’Internationale, solo à Monaco.

              La boucle sonore projetée à même le mur blanc de la galerie réitère une conversation réelle qui, dans
la mouvance duchampienne, entendue là, devient pièce artistique. La conversation rassemble des policiers de Mo-
naco, Qingmei et son « complice » de performance, Jedrzej, les premiers expliquant aux deux autres, que chanter
au mégaphone depuis une voiture qui adopte le circuit du grand prix automobile de la Principauté, l’Internationale
ne se doit pas.

              Qingmei argumente, signalant que c‘est la strophe toujours oubliée – et certes, pour un état que l’on
soupçonne de paradis fiscal, ce n’est que justice, mais cela elle ne le dit pas. Cette troisième strophe stigmatise
«L’État opprime et la loi triche »*.

              Qingmei, avant d’être interrompue par les agents, l’entonne en son entier avec le refrain souvent seul
fragment chanté : « C’est la lutte finale /Groupons- nous et demain / L’Internationale / Sera le genre humain.»

  Sa vidéo débute avec ce rappel, de quoi arrêter le visiteur de la galerie.

              Face aux policiers, elle justifie son action, énumérant diverses raisons dont celle de la beauté de la
strophe. Quant au policier qui la sermonne, il répète à ses collègues ce pourquoi il est intervenu voire ou il les prend
à témoin; il s’adresse à Qingmei, sans grossièreté ni agressivité mais comme à une enfant qui ne se rendrait pas
compte ou comme à une étrangère, qui oublie ainsi que Jedrzej - qui comme elle doit énoncer sa nationalité - les
limites de liberté de leur pays respectif et leur fait la leçon sur l’étendue possible de la liberté d’expression. Et il répète
la nécessité de demande d’autorisation préalable à toute manifestation même si celle-ci aurait été refusée en ce
cas... car « elle cherche à imposer des idées politiques aux gens ».

                GALERIE CONCHA DE NAZELLE / L’ENVOL DE CRANSAC

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