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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS
D’abord un corps puis un autre, une jeune femme blonde, une brune, sans hésitation sont mouvement.
Ces corps s’élancent, se retiennent, se posent et escaladent, s’appuient pour rebondir. Ils deviennent ce corps
impossible qui maîtrise son déplacement dans l’espace hors des capacités de l’humain moyen… il l’est plus encore
quand la surimpression le fait suivre par son ectoplasme, quand ce corps transparent vole plus loin, plus haut. Il l’est
quand en effet papillon, le corps se double en symétrie ou tourne autour de l’axe, se triple, se multiplie. La machine
est prise de la même vigueur, elle forme un triangle de lumière, plus tard un losange; ces figures se triplent avec les
corps entraînés et le bras s’étirent.
Rien d’inquiétant dans cette naissance monstrueuse - au sens étymologique d’être hybride, machine -
femme - la joie est communicative comme la musique joyeuse qui contribue à annuler la différence du bas, du haut,
de l’est, de l’ouest tout est kinesis. Simone DOMPEYRE
Sylvie DENET, Instants ou les doigts dans l’eau, 2min 55, FR
Des histoires des plus courtes se condensent autour de gestes faits par
des hommes successifs, dans l’eau ou en sortant de l’eau. Rien ne localise leur com-
portement, car le rien règne, tant que le dessin ne déclenche pas l’eau, l’air, le corps.
Ainsi un jeune homme en costume penché sur le rien, le transforme en eau qui produit
son bruit typique dès qu’il y remue la main. Il tombe et se dilue, le blanc domine. Blanc
sans image et sans raison. La tête chauve d’un homme surgit de l’eau, s’y renfonce, en
ressort, crache l’eau qui, en gouttelettes, l’annule. Le corps réel est le reflet du corps,
s’il plonge en celui-ci, il disparaît. Blanc sans image et sans raison et autre mouvement
comme on dit en musique, un homme, lui aussi en costume, avance difficilement dans
l’eau, jusqu’à en sortir, suivi d’une petite ombre animalcule; il s’en échappe, il s’envole, se renverse en légère voltige,
elle, devient nuage. La concision efficace, le dessin habile et le tour est joué par qui mesure la potentialité de l’anima-
tion. Un trait donne existence à la figure, plusieurs traits la dissolvent. Un monde se forme autour d’un homme, d’une
main, sans nécessité de composants autres. Le blanc du fond suffit à son déplacement. Il devient bleu au simple
toucher des mains du plongeur. Les éléments- dont le feu ne se peut, là- ne se distinguent plus.
Le mouvement de l’homme modifie ce qu’il touche, ce qui le touche; preuve de l’interrelation de l’homme
et de son alentour. Lui n’est pas totalement ni toujours maître mais l’alentour n’existe que par lui ou inversement.
Leçon d’être sans un mot, indissociable de la main de l’artiste qui FAIT son dessin, dessinant ce qui la touche.
Simone DOMPEYRE
Sandrine DEUMIER / Yann HAGIMONT, Utopia-land (nuit-livide), 1min 59, Toulouse
Poème d’anticipation dérivant en permanence dans les limites perméables
entre rêves utopiques et délires de masse, mégalomanies et sanctifications de la vio-
lence, Utopia-land construit comme un poème-bombe démultiplie les ambiguïtés entre
des images d’utopies fantasmatiques et des récits de violence symbolique. Sandrine
Deumier a pour complice dans sa nouvelle déambulation en poésie, Yann Hagimont; la
force ténébrante de ses préoccupations sourd dans cette nuit qui nous étreint ainsi que
tous ses travaux.
Dimitar DIMITROV, The day of the bleeding gums, 5min, BUL
Pour ce film d’animation, reconnu par de nombreux festivals, Dimitar Dimitrov a retenu une histoire de
Dilian Elenkov, lui-même primé lors du Festival International du Film d’Animation à Varna. “ J’ai été inspiré à la simple
lecture du titre avant même de lire. (…) Je suis à la fois réalisateur et spectateur et le spectateur en moi ne sait pas
ce que le réalisateur fait. »
Cette histoire : Un artiste peintre a trouvé le moyen infaillible d’écouler ses tableaux en devenant pié-
ton-kamikaze. Chaque matin, il se prépare, prend une toile sous le bras et attend, sur un trottoir, la voiture avec le
chauffeur susceptible de la lui rembourser, puisque le choc doit totalement détruire le support. Lui aussi sort amoché
à chaque fois, mais il recommence comme si c’était la seule manière de vivre, de payer son loyer et d’inviter Pétra...
Le film ne se cantonne pas à un récit linéaire, il se précise en surprises et l’homme commente sans affect, le prix
de ses toiles, à Morris qui l’entraîne pour ses chutes, comme il affirme à une connaissance qu’il ne tient pas aux
expositions, alors qu’à chaque accident, la pièce est à jeter.
CINÉMA EXPÉRIMENTAL -ART VIDÉO- MONOBANDES 21
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