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VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS

                                                             Et l’on adhère à la description de la voix féminine en off, qui les dit animaux
                                                          de l’air, « vent qui ne s’arrête jamais », on aime qu’alors sur une branche, se
                                                          soit accrochée de la laine, comme on aime que la lumière à travers les
                                                          arbres parvienne jusqu’à cette brebis alors sans son troupeau. Le troupeau
                                                          est comme attiré vers le haut, et il redescend vers sa maison à l’heure où
                                                          noircit la campagne, ainsi que l’homme le fait.

                                                                        La simplicité du titre Cher animal amorce un tel point de vue,
                                                          il dit qu’il le sait créateur d’un monde heureux possible auquel il porte une
           véritable affection sans la mièvrerie que les urbains, trop souvent, attachent à leur rapport à l’animal, sans le refus de cette
           économie de la matière ou chacun nourrit l’autre.
                         Et il est cohérent de lire dans le générique, carte d’identité du film, que au-delà des personnes habituelles du
           hors cadre et du champ, les remerciements s’adressent aussi aux animaux et aux Pyrénées.

                                                                                          Simone DOMPEYRE

                                                     David FINKELSTEIN, Les deux faunes, 18min, USA

                                                                   Deux jeunes hommes au visage angélique déambulent dans les
                                                     rues de deux quartiers de New York. C’est l’été; le soleil brille et les rues
                                                     sont paisibles; chacun flâne; observe comme en quête d’un objet de désir;
                                                     qui surviendrait subitement. Tous deux avancent comme guidés dans cette
                                                     atmosphère idyllique. David Finkelstein transforme, en effet, une situation
                                                     quotidienne selon des effets visuels; légèrement ironiques et très kitchs. Il
                                                     nous emmène dans une promenade colorée évoquant l’art vidéo du début des
           années 90. Un chœur de voix baroquisant guide ces deux êtres comme le ferait une protection divine; ainsi de faux
           oiseaux dorés se surimpressionnent pour les accompagner l’un vers l’autre. La rencontre a lieu; nourrie de la douce
           attirance érotique provoquée par la tendre distanciation de la vidéo dont le temps quitte les nécessités pour être ce
           moment où l’espoir au visage; un amour peut naître. Le sourire se lit alors aussi sur les lèvres du spectateur tant cet
           onirisme est régulièrement démystifié en artifices exhibés et assumés qui ramènent à une réalité celle de l’image.

                                                                                          Maximilien RAMOUL

                                                                    Hervé GERMAIN,
                                                                    Cellule Interne state of progress, 5min 32, FR

                                                                                  « Les lieux sont investis comme des représenta-
                                                                    tions de limites psychiques. Un détail du lieu fait écho à ce qui
                                                                    forme et structure la vision du monde de l’individu, il adapte ce
                                                                    détail aux dimensions de son corps, à la possibilité de s’y mou-
                                                                    voir, et reproduit en boucle les mêmes manèges. L’accélération
                                                                    progressive du processus, le comptage des pas, un discours
                                                                    paradoxal qui se précise au fur et à mesure du film, l’enferment
           tout en lui donnant l’illusion d’avancer. »
                          La vidéo télescope diverses expériences du corps mis à l’épreuve du mouvement, que l’artiste en
           performer pratique jusqu’à l’épuisement, elle s’en contamine en entrelaçant plans fixes dont l’homme filmé opère le
           mouvement et plans en mouvement, tournoyants. Elle alterne plans en contreplongée descriptifs des jambes nues
           et des pieds nus de l’homme sur le carrelage d’un appartement, ou autour de l’ombre d’une table de jardin; plan
           général de l’homme tournant autour d’un cercle irréel dans l’allée d’un magasin de meubles de jardins ou suivant le
           périmètre d’un rectangle de béton près de piscines préfabriquées… plan général sur fond de montagne alors que
           l’homme suit l’angle formé par l’ombre d’un bâtiment, il se meut sur de l’herbe grasse… Il s’essaie dans des formes
           géométriques provoquées par l’existant ou qu’il n’hésite pas à former en composant un cercle de chaises dans
           son atelier, en tournant autour d’une sculpture dans un lieu d’exposition. Dans chaque cas, il tourne jusqu’à chuter,
           jusqu‘à l’épuisement, vêtu ou dévêtu. Il tourne à l’infini selon les superpositions des lieux de sa circularité. Le fondu
           enchaîné réunit les espaces, effaçant les distinctions entre dedans et dehors, alors l’appartement se moquette de
           pelouse réelle, et la prairie se fait atelier. Le vêtu est entrepris par le corps nu lui-même répété en un même champ,
           lui-même tournant sur lui-même.

26 C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S

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