Page 27 - catalogue_2015
P. 27
VIDÉOS ET FILMS D’ICI ET D’AILLEURS
Et l’on adhère à la description de la voix féminine en off, qui les dit animaux
de l’air, « vent qui ne s’arrête jamais », on aime qu’alors sur une branche, se
soit accrochée de la laine, comme on aime que la lumière à travers les
arbres parvienne jusqu’à cette brebis alors sans son troupeau. Le troupeau
est comme attiré vers le haut, et il redescend vers sa maison à l’heure où
noircit la campagne, ainsi que l’homme le fait.
La simplicité du titre Cher animal amorce un tel point de vue,
il dit qu’il le sait créateur d’un monde heureux possible auquel il porte une
véritable affection sans la mièvrerie que les urbains, trop souvent, attachent à leur rapport à l’animal, sans le refus de cette
économie de la matière ou chacun nourrit l’autre.
Et il est cohérent de lire dans le générique, carte d’identité du film, que au-delà des personnes habituelles du
hors cadre et du champ, les remerciements s’adressent aussi aux animaux et aux Pyrénées.
Simone DOMPEYRE
David FINKELSTEIN, Les deux faunes, 18min, USA
Deux jeunes hommes au visage angélique déambulent dans les
rues de deux quartiers de New York. C’est l’été; le soleil brille et les rues
sont paisibles; chacun flâne; observe comme en quête d’un objet de désir;
qui surviendrait subitement. Tous deux avancent comme guidés dans cette
atmosphère idyllique. David Finkelstein transforme, en effet, une situation
quotidienne selon des effets visuels; légèrement ironiques et très kitchs. Il
nous emmène dans une promenade colorée évoquant l’art vidéo du début des
années 90. Un chœur de voix baroquisant guide ces deux êtres comme le ferait une protection divine; ainsi de faux
oiseaux dorés se surimpressionnent pour les accompagner l’un vers l’autre. La rencontre a lieu; nourrie de la douce
attirance érotique provoquée par la tendre distanciation de la vidéo dont le temps quitte les nécessités pour être ce
moment où l’espoir au visage; un amour peut naître. Le sourire se lit alors aussi sur les lèvres du spectateur tant cet
onirisme est régulièrement démystifié en artifices exhibés et assumés qui ramènent à une réalité celle de l’image.
Maximilien RAMOUL
Hervé GERMAIN,
Cellule Interne state of progress, 5min 32, FR
« Les lieux sont investis comme des représenta-
tions de limites psychiques. Un détail du lieu fait écho à ce qui
forme et structure la vision du monde de l’individu, il adapte ce
détail aux dimensions de son corps, à la possibilité de s’y mou-
voir, et reproduit en boucle les mêmes manèges. L’accélération
progressive du processus, le comptage des pas, un discours
paradoxal qui se précise au fur et à mesure du film, l’enferment
tout en lui donnant l’illusion d’avancer. »
La vidéo télescope diverses expériences du corps mis à l’épreuve du mouvement, que l’artiste en
performer pratique jusqu’à l’épuisement, elle s’en contamine en entrelaçant plans fixes dont l’homme filmé opère le
mouvement et plans en mouvement, tournoyants. Elle alterne plans en contreplongée descriptifs des jambes nues
et des pieds nus de l’homme sur le carrelage d’un appartement, ou autour de l’ombre d’une table de jardin; plan
général de l’homme tournant autour d’un cercle irréel dans l’allée d’un magasin de meubles de jardins ou suivant le
périmètre d’un rectangle de béton près de piscines préfabriquées… plan général sur fond de montagne alors que
l’homme suit l’angle formé par l’ombre d’un bâtiment, il se meut sur de l’herbe grasse… Il s’essaie dans des formes
géométriques provoquées par l’existant ou qu’il n’hésite pas à former en composant un cercle de chaises dans
son atelier, en tournant autour d’une sculpture dans un lieu d’exposition. Dans chaque cas, il tourne jusqu’à chuter,
jusqu‘à l’épuisement, vêtu ou dévêtu. Il tourne à l’infini selon les superpositions des lieux de sa circularité. Le fondu
enchaîné réunit les espaces, effaçant les distinctions entre dedans et dehors, alors l’appartement se moquette de
pelouse réelle, et la prairie se fait atelier. Le vêtu est entrepris par le corps nu lui-même répété en un même champ,
lui-même tournant sur lui-même.
26 C I N É M A E X P É R I M E N T A L - A R T V I D É O - M O N O B A N D E S
Maquette V3 2015.indd 28 21/06/2015 19:46:43