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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 116
le temps du cinématographique, elle s’y greffe. Elle fait sculpture vidéographique qui entraîne le regard
à tourner autour, à scruter l’expression fgée du regard.
Porte de placard entr’ouverte ou porte de communication ouverte multiplient les encadrements internes
ainsi qu’un miroir doublant l’attitude de deux corps sans distribuer quelque indice d’événement que
ce soit, mais un premier degré de vision en abyme alors que le point de vue posé sur la pièce tourne
lentement autour d’une scène du regard.
En effet, sous le rien du mouvement, couve un autre rapprochement immobile, celui des yeux de l’un
sur l’autre. Tous sont pris dans le geste fgé, mais ils se regardent en un système circulaire : l’adulte sur
le lit regarde le jeune homme qui lui fait dos et qui regarde la jeune restée debout, regardée aussi par
la femme tenue par l’adolescente dont le regard reste hors champ. Les yeux se dardent vers celui qui
ne le regarde pas, ce qui n’exclut pas la lecture du désir, en effeurement. En maintenant sa composi-
tion par le jeu des lignes de force des bras et des regards, Manet l’évoquait tout en refusant, de même,
l’effusion, c’était dans son Déjeuner sur L’Herbe, de même, il peignit le donné immédiat dans sa brutalité
sous-jacente car retenue sous le visage impassible de la jeune serveuse du Bar des Folies Bergères alors
que le miroir devant lequel elle se tient, n’implique pas ce ou celui qu’il devrait reféter, mais fait cadre
dans le cadre de son regard décisif. Jamais le hors cadre - par défnition - n’entre dans le tableau ; dans
Effeurer, le hors champ du regard du jeune homme n’existe que par l’attrait qu’il exerce sur lui, n’entrant
pas dans l’espace vidéographique qui est tendu vers cette absence d’intériorité.
Simone D.
© R. Alvarez
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© R.Bourrillon
- 3. Chapelle des Carmélites / Decazeville -