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Installations Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 118

Collisions et fusion
Derrière une esthétique outrancière et ambiguë, Isabelle et Marie Henry parviennent à jouer sur les
niveaux de lecture, les paradoxes et le double. Si elles ne remettent pas en cause les préjugés liés à la
population provinciale modeste et vieillissante, elles rebondissent sur les stéréotypes, les découpent,
les réassemblent pour construire un univers trouble et déluré. Elles plongent dans les failles d’un délire
quotidien et nous y emportent. Le trivial et le mauvais goût dont sont empreintes les images d’Isabelle sou-
lignent une tragédie sourde véhiculée par l’écriture de Marie. Un tube de Michel Delpech fétrit d’ailleurs en
une parodie désenchantée : le « petit tour au petit jour » devient « les souvenirs collent comme de la
glu », le clip, un album de famille ordinaire. Des bribes de culture populaire constituent ainsi le corps
d’une angoisse métaphysique et pourtant banale. Le duo fusionne l’immobilisme mortifère de l’environ-
nement et les mouvements de l’âme en quête de merveilleux. Les différents médiums - vidéo, texte
et musique - se répondent, se complètent, se contredisent ou s’harmonisent pour laisser croître un
malaise latent et son envers févreux sans jamais les faire éclater.
Le conte dégradé ne s’achève évidemment pas sur un avenir radieux mais sur une sentence : « The
life is not a bed of roses ». Qu’importent les progrès technologiques et l’essor du réseau numérique,
Je ne vois de mon avenir que le mur de ma cuisine au papier peint défraîchi laisse un goût amer de
médiocrité et de solitude. Ici, la féérie et l’héroïsme se déforment en une fantasmagorie satirique.
Orianne Hidalgo-Laurier, publié le 29 avril 2015 sur « Mouvement »






































© R.Bourrillon




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