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Performances Traverse Vidéo 2016 - L’atypique trouble 89

le premier versement, d’autres suivent, faisant le tour de
la structure basse ; les mains veillant à retenir la terre, à ce
qu’elle s’écoule, les mains redoutant de cacher le visage
jusqu’à ce que le regard de Clara l’impose, et ce fut poignée
égrenée après poignée que ce regard fut couvert… pour
un nouveau silence compteur de la durée. Cependant le
corps jaillit, heureux, de la masse d’abord supportée :
ici la terre ailleurs l’eau… Clara quitte la terre en gestes
quasi chorégraphiques, un bras puis l’autre puis les deux
repoussent cette terre en arcs de cercle, forment de petits
amas pour libérer le corps vêtu d’une robe de soir et de
soie moirée brune…

La musique de bruits, de vague déclenche la troisième per-
formance, le son devance le bruit des poches d’eau et de
leur déplacement. Le lieu est de passage mais les visiteurs
du musée qui le traversent, s’ajoutent aux spectateurs, restés
d’abord à l’orée, craintifs et interrogatifs avant de s’avancer
puis de reculer, autre fgure de fux et refux quand Clara
surgit du tas d’eau. Sans qu’elle s’en inquiète, prise dans sa
© R.Larroque lutte avec le poids de l’eau, son vêtement sobre - un long
corsage beige - s’humidife, l’eau la dévêt …
Elle est prise par ce qu’elle provoque elle-même ; elle vit les émotions d’une mer violente ou paisible, la
sensation de gouttelettes ou de gros orages et ainsi s’empare des sacs, qu’elle secoue, mallée, malmène,
triture jusqu’à les distordre et de l’eau s’en échappe. Elle s’en relève avec un sourire conatif, effaçant
toute notion de performance au sens sportif. Le lien, le lieu sont ceux du corps et de ce qui le constitue.
Simone D.
























© R.Bourrillon



- 9. Espace Croix-Baragnon / Prép’art / Musée des Abattoirs -
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