Page 13 - catalogue 2017
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Édito
Chacun a fait et peut faire sa propre traverse. Qu’il adopte la piste du calendrier pour, d’une œuvre à l’autre, revivre
l’histoire : très tôt, dès 1997, le flm d’animation, écriture cinématographique au sens fort puisque le mouvement
cinématographique y fait la forme en mouvement ; très tôt, l’installation et le livre Fahrenheit 2002; l’installation
interactive Fantôme(s) 2004 et la poétique du temps du pionnier de cet art vidéo en France - Robert Cahen 1999 et
les essais vidéographiques documentaires ou de revendication sexuelle de Pierre Trividic 1998… et, plutôt que de
continuer la liste, inviter à suivre cette piste des années à travers ce livre.
Il peut préférer saisir que ce qui meut Traverse Vidéo, à savoir les relations entre les riches potentialités humaines,
les échos d’un art à un autre, les échos entre les modalités de la pensée, privilégiant les échos avec la peinture en
tous ses genres, abstraite ou fgurative, paysage, portrait, nature morte, paysage comme avec la littérature en «je»
ou en narration éclatée ou en poésie, comme avec la danse en vidéo-danse, avec la science et ses questions de
l’espace et du temps dans les flms de mise en abyme comme d’écriture sérielle, avec, essentiellement, la musique,
puisque l’expérimental se fonde sur le rythme, la répétition, l’image scandée, la temporalité.
Et/ou il peut rechercher les programmations où s’afche sans ambiguïté l’amour du montage et des formes
spécifques de l’expérimental : le ficker et le footage, alors les titres en eux-mêmes deviennent-ils les guides de ces
divers jeux de piste et des mises en tension de Traverse Vidéo. Pour seul exemple réjouissant, celui du Deuxième
Principe de la Thermodynamique appliqué au mythe de l’Eternel Retour.
Et que tous viennent saisir devant le refait de l’Enseigne de Gersaint, combien il est vrai que l’humain reste le
fondement de Traverse Vidéo. Empruntant le titre et la manière de cette peinture de Watteau, elle-même riche
d’informations sur le mode d’exposition de la peinture et les genres recherchés de son époque, en version
photographique, deux murs ont rassemblé, à Croix-Baragnon, des images de nombreux photographes retrouvées
depuis 2000...
Que tous viennent aux diverses performances qui, à elles seules, condensent tous ces processus, qu’elles soient
actuées par des artistes très tôt venus comme Giovanni Fontana en 2009 ou par deux étudiantes en art et en chant
lyrique, qu’elles concernent le corps en tous ses états ou en métaphore des éléments, qu’elles soient cinéma élargi
jusqu’à l’interactif, qu’elles déambulent dans la rue ou jouent en intérieur avec du linge tendu, qu’elles soient voix,
poésie vocale ou qu’elles mêlent musique baroque et sténopé ou musique baroque et vidéo 3D, ou animation
et guitare arrangée. Toutes, comme l’ensemble des œuvres, viennent d’ici et d’ailleurs, de fort loin - l’Ukraine, la
Corée… de très près Toulouse ou Gaillac - puisque l’expérimental fait sens au-delà des langues.
Simone Dompeyre, commissaire artistique de Traverse Vidéo
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