Page 14 - catalogue 2017
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Le regard d’un artiste









Une manifestation propice aux incendies identitaires et vestimentaires
Comment le dire mieux que cela !...
TRAVERSE VIDÉO à Toulouse est un moment nécessaire aux artistes, à la création en général et à ce monde bien
en péril dans lequel nous vivons et qui a une bien fâcheuse façon de se replier sur lui-même.

Comment ne pas voir cela !...
Il faudrait cependant énumérer de multiples qualifcatifs : chaleureux, constructif, rassembleur, engagé, et ne pas
oublier quand vous le dites, de poser votre regard sur une personne bien particulière et plutôt aux manettes…

Elle est : active, attentive, pédagogue, analyste, atypique, théorique, ferme, sur tous les fronts de l’art bien entendu,
à l’exploration des tréfonds de l’histoire de l’image en mouvement, mais sur le front de la lutte contre toutes
discriminations, s’il vous plaît... et n’oubliera jamais au passage, de prendre le temps d’une petite caresse de la
main et du regard à l’égard d’un-une amie artiste à sa portée.
Si vous n’avez pas reconnu Simone Dompeyre dans ces quelques mots, c’est que vous n’êtes pas allé à TRAVERSE
VIDÉO et qu’il faut au plus vite réparer ce manquement.
Donc bravo à elle et à son équipe, si attentive à n’oublier personne sur le carreau... C’est rare...

Mais pas que cela !…
Cette manifestation a permis aussi des amonts très précieux pour la reconnaissance de ceux et celles qui seraient
mauvais genre…
Merci donc encore une fois à Simone Dompeyre d’avoir su faire résonner (raisonner?) la cinémathèque de Toulouse,
le 28 février 2017 au son de ces personnes en quête d’une identité hors des chemins battus.
La programmation « Je suis mauvais genre » le pointe et c’est dans celle-ci et en compagnie de treize autres
œuvres expérimentales, qu’a été projetée MUTATION, conçue par Gérard Chauvin vidéaste et Lanah Shaï artiste
en phase de transition MtF (d’homme à femme). Ceci aura permis, nous l’espérons, de faire entendre ce cri de
soufrance existentiel et identitaire.
Car, comment ne pas soufrir, quand de manière irrépressible, est entamée contre vent et marée, la « mutation »,
d’un corps biologique vers un corps identitaire ?
Celui-ci se heurte toujours à une culture, un état, une religion qui ont toujours défni, identifé, hiérarchisé et discipliné
l’individu par son appareil génital. Le regard que nous portons sur nos sexes, notre genre, est l’héritage d’un pouvoir
obsédé par la reproduction et l’expansion : « Le corps est une archive du bio-pouvoir ». Paul B. Preciado.
Longue vie donc à TRAVERSE VIDÉO qui, pour une part de sa programmation, sait échapper à une culture hétéro-
centrée dominante et accueillir des personnalités diférentes, des personnalités en situation de handicap, toutes,
forcément, à la périphérie d’une société bien pensante.

Comment ne pas le remarquer !
Bien entendu d’autres festivals ont la volonté comme TRAVERSE VIDÉO, de regrouper œuvres et artistes sous la
bannière des libertés à conserver.
Mais celui-ci est assez courageux pour le faire remarquer à travers toute la ville de Toulouse et de manière aussi
afrmée.
Ainsi pouvoir disposer librement de son propre corps semble être au centre des préoccupations de beaucoup
d’artistes sélectionnés. Ils-elles arrivent de tous horizons pour tenter de mener à bien ce type de nécessaire combat
et témoigner par leur oeuvre du dur chemin encore à parcourir...

Gérard Chauvin, 24 mars 2017









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