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Musée des Abattoirs  Projections

Andromeda aurait pu être différent, d’une infinité de formes possibles, il l’est en fait,
chaque fois qu’il est montré, on le modifie un peu. L’expérimentation sur l´image ne
connaît pas de fin. Andromeda est une suite de traces d’expérimentation, c’est de
la recherche, du jeu plastique, des effets, des paramètres de couleurs, des miroirs,
des superpositions, du j’sais-pas-quoi-encore-de-plus. Parfois, on se demande, s’il
ne serait mieux de montrer les images originelles. Parfois, on les montre dans des
raves, après tout, ces images n’ont pas d’autres propos que la curiosité visuelle, que
l’hypnose et la transe. Parfois, il suffit d’en montrer juste une, statique, originelle ou
modifiée, peu importe.

Jean-Marie Leicknam, Pendant ce temps-là

25min21 | France

                                                      Les noms des catastrophes nucléaires
                                                      se font écho, s’appellent, de l’augural
                                                      Hiroshima au plus récent Fukushima
                                                      en 2011 et appellent simultanément
                                                      les craintes concernant la centrale de
                                                      Fessenheim. La tonalité des voix et la
                                                      réverbération des enregistrements datent
                                                      différemment les dires… celle qui guide
l’attention en apportant des précisions cumule le style ampoulé, presque séducteur
de l’homme des documentaires des années 1960. Les émissions radios aux discours
spécialisés ou diffusant des micros-trottoirs à la suite d’une telle catastrophe
s’ajoutent à des textes plus poétiques sur ce que ne peuvent plus dire les amoureux
d’Hiroshima.

En image teintée, un homme en pagne style butō, rampe dans la rue, il hurle ou
gémit en une performance-refus du nucléaire, qui rappelle d’autres actions engagées
d’artistes japonais ou viennois. Cependant des hommes en miniature, colorés, en
ombres ou non, se suivent chacun identique à l’autre, au centre du champ diversement
occupé par les bouts de verre, eux restent sans explication, comme cet autre homme
s’exerçant au sport.

Le film ne se réduit pas à un brandon contestataire, il ne se consomme pas pour
apprendre ce que nous savons ; il n’est pas davantage de propagande car s’il accuse
le nucléaire, il invente une poétique de la couleur et du choc voire de la lumière.
En effet, des lampes rutilantes peintes en bleu saphir s’y lancent, y oscillent, se brisent,
se fracassent sur divers objets ; de diverses formes, elles s’accumulent ; parfois elles
sont convoyées sur un train-jouet tournant fréquemment autour des débris qui, eux,

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