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Musée des Abattoirs  Projections

Dana Berman Duff, Catalogue Volume 10

5min40 | États-Unis

                                                La métaphore guide cette critique de désirs
                                                vains, collés à la consommation avide, réitérée,
                                                sans fonds et sans satisfaction.

                                                La série Catalogue réitère pour chaque
                                                numéro, la même durée de cinq à huit minutes
                                                parce que ce serait le temps nécessaire pour
                                                appréhender, précisément, dans un catalogue
grand public, les objets désirables et, dès lors, à acheter, or en l’occurrence, ce sont
des contrefaçons de designers.
Les copies de meubles design s’y apparentent aux pièces originales puisque le projet
se nourrit d’un vrai catalogue de mobilier en onze volumes, le Restoration Hardware,
de 2014 où les meubles sont mis en situation avant d’être filmés puis imprimés, en
ressemblance avec des décors de films.
Une telle médiation est censée augmenter le désir de posséder ces objets, en les
imaginant dans un espace réel, une temporalité réelle, ce qui devrait produire une
nostalgie, totalement fictive.

Chacun des onze films se voue à un caractère particulier de la représentation, du
regard et du désir.
Catalogue Volume 10 entraîne, lui, en une dystopie selon le mouvement de chaises
modernes sous l’eau. En effet, ces meubles ne répondent pas à leur fonction alors
que leur chute dans l’eau est en total accord avec l’immersion dans un flux de mots,
écrits.
Le texte se déroule plan à plan alors qu’une chaise tombe lentement centralisée
dans l’élément aquatique. Puis elle se multiplie, se succède, avant d’atteindre un
grand nombre d’elle, la même chaise moderne. Dans l’eau profonde, des ombres
plus bleues.
Les chaises flottent, tournent sur elles-mêmes, parfois elles s’approchent, gagnant
en grandeur avant que la superposition de la même image ne les fasse s’accrocher,
se culbuter et qu’elles occupent l’ensemble de l’espace.

Ce n’est pas la grande poétique de l’élément, ni ses appels à la mémoire de Tombe de
Robert Cahen… puisque le texte, étrangement, décrit trop un habitat, des meubles
divers. La précision est trop grande des matériaux, des objets et des murs, des objets
quant à leur usage, leur couleur, leur revêtement, selon une saison, des différents
usages de chaque pièce à vivre.

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