Page 148 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Projections Musée des Abattoirs
Antonia Luxem, The Log
2min50 | Angleterre
Le film joue avec le sens et les sens ; le titre signifie et
la bûche et le registre, le journal. La voix over décrit ses
aventures avec une bûche, objet de ses investigations,
de ses questions, dans une attention si récurrente
qu’elle confine à l’enregistrement au quotidien de la
vision de la bûche ; jusqu’au renversement quand
l’approche devient vérification que la bûche était une bouteille couverte de coulures
de bougie pour avoir été utilisée comme bougeoir avant d’être cassée par sa chute.
La vue aurait mal interprété la forme ; l’œil a transmis un signal que l’habitude du voir,
que l’abduction ont désigné comme bûche. Le plus probable passe pour le vrai.
Cependant, la voix réitère ses moments de vision, y commentant sa lecture du fait
mais aussi son étonnement de l’emplacement de la bûche… jusqu’à donner vie à la
bûche.
Cette interprétation et ce questionnement s’assoient sur des « preuves », par exemple,
tout a commencé après la tempête, ce qui justifie que des objets aient pu changer
de place…
La rationalité du regardeur n’est pas en doute, puisqu’il s’interroge sur l’origine
d’un tel élément en ce lieu ou sur la raison de le garder dans un jardin domestique.
La légère touche d’inquiétude de l’énonciation atteste de ce désir de comprendre un
tel impair dans les habitudes.
Et l’impossibilité d’arrêter une explication simple provoque le dédoublement de
l’objet en saturation diverse, très claire jusqu’à la transparence, en superposition ou
mouvement inverse formant croisement ou dans l’apesanteur. La main elle-même en
suspension, ne peut saisir même guidée par le très gros plan de l’œil avec sa tache
de lumière… Le son sourd ajoute au changement de non maîtrise du savoir, vers
la compréhension du faux savoir, l’eurêka non triomphal. Le son type « hurlevent »
entraîne en coda la disparition de la bûche, puisqu’elle s’est avérée bouteille cassée
ce que prouvent des débris de verre, alors s’entr’aperçoit le sol avec fleurs en négatif
où le réel est posé.
The Log s’il dit que le regard se trompe est l’expérience de la prise de conscience de
son erreur… Il est l’expérience du regard attaché à un objet dont il veut se saisir, il est
l’expérience du plaisir et du désir optiques.
Simone Dompeyre
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