Page 226 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Installations Decazeville
De nombreuses personnes de tout âge, seules, en couple ou en famille, s’y adonnent
à diverses pratiques de diverses activités, mais l’échelle des plans les éloignent, loin
de toute approche, de toute potentialité de sympathie.
Le regard est de surveillance, à distance… jamais l’instance qui veille n’est inscrite,
dans le champ seul dévoué à ceux qui sont vus, sans en avoir conscience.
Parfois en scindant en trois le même plan, occupant toute la largeur, il ressemble à
un panoptique scrutateur ; parfois ce sont trois lieux rassemblés en un seul moment,
parfois la captation des « surveillés » se déroule en succession un puis deux plans et
trois comme selon une focalisation sélective.
Celui-ci ou celle-là est suivi/e comme si l’objectif cherchait tel ou telle, sans jamais
d’explication sous un ciel si bleu qu’il conforte dans la quiétude. Espace calme
sans nuage aucun, il est traversé par des avions qui, silencieusement, dessinent
des obliques graphiques jusqu’à former un X comme concerté puisque repris de
part et d’autre du plan de soleil et celui-ci devient éclat aveuglant avant de très vite
annexer les trois espaces. Dans cette banlieue verte et arborée, la saison est estivale,
l’ambiance à la détente… or ce qui occupe le ciel connote des transformations dont
restent inconscients les habitants.
Autant d’indices de changement en latence. Autant de signes tissent des liens entre
ces divers moments captés, d’apparence quotidienne. Une pratique dépasse celle
du sport ou celle inversée du repos sur l’herbe : c’est celle de la téléphonie mobile
que le point de vue retrouve. Hormis pour une femme faisant force gestes véhéments
en téléphonant, chaque fois, cela se fait sans signe exhibé, en comportement
habituel, socialement commun et capté sans changement d’échelle. Personne ne se
préoccupe d’un bâtiment, ce qui implique qu’il est totalement intégré dans les usages
or centrale, distinguée sur la prairie sans autre élément en hauteur, cette tour blanche
s’apparente à une tour de guet d’où se surveillerait cet espace, jusque dans la plus
grande profondeur du champ.
Cette surveillance est mise en abyme ; la tour, elle-même, s’avère le moyen local
dirigé par celui qui en décide, surveillée de plus haut ; des travailleurs installent un
mât de téléphone mobile sur son toit et elle est tout aussi surveillée, en plans réitérés.
Par ailleurs, ces ouvriers portent un gilet de protection recommandé pour de tels
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