Page 64 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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Projections  isdaT

Andréa Le Guellec, Inside

3min28 | ESAD Reims, France

                                          Filmer le travail, c’est faire image de l’activité. La
                                          vie active, la vie chiffrée, le besoin mesuré, le geste
                                          optimisé. Filmer le travail, c’est aussi reconnaître
                                          en images le travailleur, l’ouvrier. Au cœur d’une
                                          entreprise, d’une usine de production à la chaîne,
                                          il y a des yeux qui surveillent, beaucoup d’attention,
mais peu de regards, pas de surprise. Les paupières se soulèvent parfois totalement
pour observer un fait irrégulier déjà présumé. L’œil coordonne sûrement le reste du
corps, trouve aussi quelques traces de réconfort au milieu de l’artifice. Comme les
oiseaux posés le long d’un cours d’eau, les ouvriers autour de la chaîne de production,
par un langage qui est le leur, se manifestent et attestent de l’autre, se rassurent et
assurent le vivant.

                                                                           Thibault Juvenielle

Anaïs Arragon / Lauriane Pennacchioni, La Lichon

2min33 | ESAD Reims, France

La Lichon ne réveille pas n’importe quel motif ;
le film-à-train débuta à l’Arrivée en gare de La Ciotat,
dès 1895, grâce aux Lumière, lançant tant d’intrigues
de la rencontre amoureuse à celle de l’espion et du
meurtrier mais aussi tant de recherches du plan
dans le plan comme celui inaugural de L’Homme à
la caméra. Puisqu’il induit le mouvement et est mouvement, le film-à-train attendait
l’expérimental et l’une des premières œuvres vidéo en France décline ses potentialités,
quand Robert Cahen y décèle l’entr’aperçu dans la matérialité reconnue du matériau.

Et il y eut La Bête Humaine en 1936, quand Renoir reprenait au roman éponyme
de Zola de 1890, la quasi passion d’un cheminot – rôle tenu par Gabin – pour sa
locomotive alors à vapeur, une Pacifix 231, qu’il appelait « Lison ». Son image du
fier conducteur de locomotive – expurgé de son attachement excessif – participa à
l’iconographie du cheminot engagé alimentée par exemple par La Bataille du rail de
René Clément…

Désormais, l’héroïsme n’a plus cours quand en un humour simple voire gouailleur, qui
n’hésite pas à braver la dénomination par celle de La Lichon, le contrepoint de l’image
sonore topique du train anime la machinerie de fabrication des biscuits.

                                                                           Simone Dompeyre

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