Page 61 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
P. 61
isdaT Projections
selon les actions des voisins dans cette perte actuelle de l’intime. Puisque cela se fait/
voit sans ambages, loin du voyeurisme des premiers films dits érotiques qui scrutaient
par le trou de serrure des chambres, la mariée se déshabillant ou la coquette se lavant
et des baisers dérobés ou consentis.
Ce qui est vu se détache derrière la fenêtre, rideaux tirés ou absents ou encore sur
le ciel en images nettes, composées ainsi que l’enseigne du quartier qui ouvre en
modèle, la vidéo : sur son fond de ciel mauve clair, elle brille avant de disparaître.
La fenêtre devient lieu d’exposition des modes et lieux de vie quand le jour glisse
vers la nuit : appartements rangés ou en désordre, chemises blanches fraîchement
repassées suspendues, chariot de supermarché sur un balcon et faits du quotidien :
amies bavardant, personnes seules, torse nu, en tee-shirt, habillée, avec homme
fumant le narguilé, ou regardant dehors ou, souvent, même en mangeant, regardant la
télévision. Hors-champ, elle attire le regard, dans le champ, elle ajoute du vacillement
au calme des images. Elle s’avère le passe-temps favori de ces isolés et concourt avec
meubles et décorations à multiplier les surcadrages, tant Here East reste poétique de
l’espace urbain.
Les silhouettes se détachent comme détourées, éléments noirs sur ciel de nuit clair
ou inversement et parfois des feuilles ajoutent quelque mouvement.
Cela réveille l’image des tableaux au motif de la fenêtre de la deuxième décade
du xixe siècle ou le regard plus contemporain d’un Hopper sur la société où il vit.
Les premiers aimaient les fenêtres intérieures de la maison, qui juxtaposent le près et
61