Page 65 - Catalogue_Traverse Vidéo_2018
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isdaT  Projections

Amélie Dupré / Thibault Juvenielle, Trace

3min06 | ESAD Reims, France

Plastique. Plastique. Sciure échappée dans un creux
de rouille, amassée des années passées. Graisse.
Huile. Restes. Ruines. Ces restes oubliés de matière
dépouillée composent Trace, regard sur l’activité
déshumanisée d’une production de bouchons de
champagne. Accumulés, agglutinés à la chaîne dans
une mer de sciure et de plastique, ils évoquent une métaphore quasi apocalyptique
de nos journées mécanisées. Le travail, est-ce consommer le temps, l’acheter,
le passer ? Comme une musique froide, rythmée par le son du métal vieilli, qui
ramène à l’idée d’un corps-machine fait pour se reproduire, s’étendre, s’éparpiller ?
C’est sur cette répétition qui ingère nos secondes que ces images sont centrées,
nous demandant peut-être encore où la vie est passée.

                                                                           Andréa Le Guellec

Mathilde Magnée, Thoroughbred

3min36 | Région Occitanie, France

La musique planante ne refusant pas quelques aigus d’élan, de vivacité, se fait écrin,
enveloppement de la voix, en contrepoint, portée par le ton conatif du commentateur,
du bonimenteur dont les paroles explicitent qu’il fait monter les enchères, lors de la
vente de poulains. Thorougbred ou pur-sang, de ceux qui courent, au galop, sur les
pistes et que l’on s’arrache à prix d’or, affiche sa focalisation sur l’animal mais n’annonce
pas davantage d’explication ; en effet, le film loin de son potentiel documentariste, fait
un portrait par touches de l’étalon, de son lieu de vie, des hommes et des femmes qui
s’occupent de lui ou s’y intéressent mais sans informations précises.

Ce n’est aucunement un écho des films-fictions ni de celui, déjà en 1944, Le Grand
National, dépeignant la volonté de course d’une adolescente – alors jouée par Elisabeth

                                                 Taylor, ni, plus connu, L’Étalon de Coppola.
                                                 La volonté n’est pas narrative. Ce n’est pas
                                                 le regard sur le mouvement et la force que
                                                 décline le pur-sang qui attire les Géricault – et
                                                 son désir de l’Histoire, ni les Degas, Manet
                                                 soucieux de la couleur en mouvement.

                                                 Le film va du côté de la fascination pour l’animal
                                                 mais aussi de l’image-paysage, de l’esprit des

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